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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Notice biographique
Intolérable, n°4, 1972, p. 15-16.
Article mis en ligne le 11 avril 2014
dernière modification le 10 janvier 2024

par ArchivesAutonomies

H. M.

Né en 1940.
Placé très tôt à l’I.M.P. de Montesson : "nerveux".
Puis dislocation familiale, les 10 frères et sœurs sont séparés.
H. est d’abord placé chez un oncle, puis chez une sœur. Ne se sent chez lui nulle part.
Premier jugement à 17 ans, pour vol de bonbons. Arrêté à La Roche-sur-Yon, jugé à Paris, 15e chambre, en décembre 1959. En janvier 1961, jugé à Paris, 15e chambre, pour vol de scooter et deux cambriolages : condamné à trois fois deux ans. Confusion sur deux ans avec sursis. Sursis révoqué en octobre 1961 par suite d’une nouvelle condamnation à six mois pour tentative de cambriolage.
Tournée des prisons : Mai 1962, Œrmingen pendant un mois, puis Sarreguemines, puis Limoges (grève de la faim pendant vingt-huit jours), puis transfert à la Centrale de Poissy.
Libération prévue pour août-septembre 1963 ; quarante-cinq jours de contrainte (non-paiement des frais de justice) s’ajoutent à la peine principale. A dix jours de la sortie "bagarre avec un surveillant". C’est-à-dire que, pour une raison oubliée, il est un soir violemment tiré de sa cage à poules et tabassé à coups de bâton dans la cour. Fracture de la mâchoire dont il garde la cicatrice. Le lendemain, le directeur vient le trouver : "M. le surveillant que vous avez agressé hier soir a porté plainte contre vous." Il veut les gagner de vitesse. S’arrange pour payer sa contrainte. Dette épongée, il va sortir. Passe le matin à la fouille, fait son paquetage, le greffe, levée d’écrou... "Attendez un instant, il y a quelque chose pour vous... Entrez, messieurs..." Deux inspecteurs de police lui signifient alors le mandat de dépôt entraîné par la plainte du surveillant...
Il passe en jugement, n’ouvre pas la bouche, ne demande aucun avocat.
L’administration, elle, est représentée. II prend six mois. Il fait appel. Il en prend huit. Transféré à Privas, mis tout de suite au mitard (quarante-cinq jours ?). A sa sortie, partage plusieurs mois l’existence et le travail d’une famille d’accueil de l’Ardèche qui lui est restée très attachée. Puis, gardant toujours le contact avec eux, s’installe à Valence, au Centre social protestant.
Ouvrier dans une fabrique d’encre : crise d’emphysème pulmo­naire (ancien tuberculeux). Garçon de restaurant successivement au Buffet de la Gare de Valence et à Montrouge, Il revient alors vivre chez sa sceur. Liaison homosexuelle avec T. Découverte de Saint-Germain, et de la drogue.
Bientôt repéré par les stups. Nouvelle série de condamnations.
1971 : 16e chambre : deux ans + cinq ans d’interdiction de séjour, condamnation ramenée à vingt mois + cinq ans d’I.S. à la 10e chambre d’Appel. Transféré de Fresnes à Mauzac, ramené à Fresnes et libéré de Fresnes en février dernier.
Hospitalisé un mois plus tard à La-Queue-en-Brie, Henri-Mondor et Albert-Chennevier. Psychothérapie, traitement de post­cure après désintoxication.
Arrêté à nouveau en été 1972, sur provocation policière. Remis en prison comme prévenu.
Condamné au prétoire à six jours de mitard pour homo­sexualité. Il se pend.
H. M. avait fait une quinzaine de prisons.

Les lettres qui suivent sont reproduites intégralement (sauf les noms) ; l’orthographe et la ponctuation sont évidemment respectées. Ces lettres, étant le plus souvent écrites sous l’effet contrarié d’un somnifère, ne présentent pas seulement des variations dans l’ortho­graphe, mais plus profondément une différence dans l’écriture qui se décompose progressivement. Elles ont été écrites aussitôt avant son suicide.