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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Lettre du 21 Septembre 1972
{Intolérable}, n°4, 1972, p. 25-26.
Article mis en ligne le 11 avril 2014
dernière modification le 10 avril 2014

par ArchivesAutonomies

le 21.9.72

Cher S.,
Je ne sais pas si tu reçois toutes mes lettres mais je pense t’avoir répondu dès la réception de ton mandat. Mais tu sais je plane un peu et je ne suis sûr de rien. De toute façon je te remercie beaucoup pour ton mandat qui me permet de fumer (une drogue dont je ne peux me débarrasser !) Je te remercie aussi de ta lettre d’aujourd’hui qui m’a fait très plaisir.
Pour mon psychiatre je ne pense plus qu’il soit nécessaire que tu le vois : j’avais un peu flipper sur la schizophrénie et je pensais que j’avais des trips schizophrène, mais ces « absences » n’étaient du qu’à la drogue. Je l’ai vu aujourd’hui et il ne m’en a pas parlé » aussi je pense qu’il ne juge pas utile cette "confrontation" du millieu familiale.
Où j’en suis ? Je n’en sais fichetrement rien ! Je t’ai dit hier que j’avais vu le contre expert psychiatre et que maintenant j’atendais le rapport d’expertise toxicologique et psychiatrique.
Pourquoi je suis ici ? Infraction à la législation sur les stupé­fiants. C’est un terme juridique que ne veux rien dire et qui s’applique aux toxicomanes comme aux trafiquants. Voila ce qui c’est passé. Mon ami T. était revenu d’Amsterdam pour ce faire refaire des papiers d’identité. Bien entendu il est venu me voir directement à l’hôpital. Il avait un peu d’économie et moi je devais toucher un chèque de 850 Fr sur une restitution du tribunale (argent qui m’avait été saisi lors de mon affaire en 70). Avec cet argent nous comptions partir aux Indes (un trip que nous avons envie depuis 5 ans !) A Amsterdam il y a un bus qui s’appelle le Magic Bus et qui fait la navette Amsterdam Kaboul et le prix est de 180 guldens (270 Fr). Donc le 22 juillet nous sommes parti T. moi et un autre copain que j’avais connu dans un hôpital psychiatrique et qui avait des crises d’épilepsie, aussi j’étais obligé de conduire sa voiture. Je suis resté une semaine à Amsterdam puis j’ai été obligé de revenir en France pour rame­ner la voiture de mon ami car sa femme en avait besoin pour partir en vacance et puis lui devait toucher 10.000 Fr par son assurance des suites d’un accident qui l’avait rendu épileptique. Cet argent nous aurait été utile pour notre voyage aux Indes car il devait partir avec nous.
Pour ma part je devais recupérer ce chèque de 850 Fr et me faire enlever ma "broche" et mon plâtre le 3 Août (je t’ai expliqué que j’ai été opéré du doigt de la main droite ?)
Je suis donc revenu le 30 juillet d’Amsterdam. Bien sûr là bas j’ai rencontré des amis junkies qui m’ont refait goûter à l’opium et je commençais à me "racrocher" car j’ai eu quel­ques problèmes avec mon ami et j’ai cherché refuge dans la drogue.
Enfin nous étions toujours décidé à partir aux Indes et je comptais après avoir récupéré mes affaires à l’hôpital et avoir eu une discuttion avec mon psychiatre repartir à Amsterdam via les Indes.
Deux jours après mon retour d’Amsterdam un type m’a téléphoné à l’hopital et il m’a raconté une histoire abracada­brante où il était question d’une fille qui était en manque et qu’elle lui avait donné mon numéro de téléphone car elle savait que j’étais un vieux Junky et que j’arriverais toujours à lui trouver de l’opium. Moi j’ai marché les deux pied dans le plat car je sais ce qu’est je manque et j’ai eu pitié d’elle. J’avais apris à Amsterdam qu’un de mes anciens minet avait acheter de l’opium pour son compte personnel aussi j’ai été le voir pour lui demander de me faire vendre 10 plaques d’opium (excuse moi mais je suis défoncé et j’ai du mal à écrire !) pour dépaner une fille malade. Bien sûr ce n’était qu’une provocation des flics et le type qu’il m’avait envoyé était soit un mouton soit un flic. Le faite est que quand j’ai présenté l’opium au type trois flics m’ont sauté dessus. Quant au type il avait disparu (et pour cause !) Donc je suis ici pour tentative de vente puisque celle-ci n’a pas eu lieux. Alors je plane et je ne sais plus où j’en suis. Je te quitte car je ne peux plus écrire. I’m SORRY !
Je t’embrasse ainsi que M.

H.

P.S. : Pas de nouvelle de D. = Fasciste !