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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Huitième Lettre (non datée)
{Intolérable}, n°4, 1972, p. 26-27.
Article mis en ligne le 11 avril 2014
dernière modification le 10 avril 2014

par ArchivesAutonomies

Jeudi

Salut X.,
Encore une de passé ! et une des plus dures car le frangin F. était plutôt angoissant aujourd’hui. Après sa petite balade au Palais hier il était revenu un peu flipper et on a du l’écrouler à coup de Mandrax. Ce matin rebelote : il voulait faire la grève de la faim et il m’a fallu toute la journée pour l’en dissuader (bien sûr la visite de ta Mère et de Stonette m’a un peu facilité la tâche). Mais tu sais quand il a quelque chose dans la tête c’est pas de la tarte pour la lui faire sortir.
Je me demande pourquoi on t’a refusé mes fringues à l’hosto : sur ta lettre à F. tu n’es pas très explicite. Pour l’instant laisse tomber car je dois voir mon psychiatre au parloir lundi 4 et je lui demanderai qu’on te les fasse remettre si toute fois ça ne t’ennuie pas de retourner là bas. Peut-être aurai-je l’occasion de te voir au parloir car F. me dit que tu viendras peut-être lundi.
Tien je t’envoie ma carte de membre du KOSMOS à Amster­dam. Si tu vas faire un tour là bas, avant le 26 octobre, tu écono­miseras 5 florins si tu veux bouffer ou écouter de la bonne musi­que c’est super et pas très chère (il parait que t’es un peu pince !?)
Par la même occasion (toujours si tu vas là bas vers le nord) passe faire un tour ... là où habitent mes amie S. et T. Je ne peux leur écrire car étant donné que la maison est sensée être aban­donnée le courrier n’y parvient pas. Faut que je t’explique où ils crèchent car c’est une vraie tour de Babel où on trouve Italien, américain, chinois, anglais. Enfin c’est les seuls français tu peux pas te gourer. Si tu y vas dans deux mois ne la cherche pas car la municipalité doit détruire tout le quartier pour y construire le Métro. Alors si tu vois un des frangins, soit S., soit T., donnes leur mon adresse et dis leur qu’un petit mot de temps en temps serait le bienvenu.
F. me dit que tu ne m’envoye pas d’argent, car Stonette doit m’en envoyer. Enfin j’ai un meilleur moral. J’ai passé une instruc­tion et le garçon qui est avec moi dans l’affaire a reconnu que les plaques d’opium lui appartenaient. De plus j’ai dit au Juge que j’ai été victime d’une provocation policière, car si ce flic ne m’avait pas téléphoné et ne m’avait pas raconté un baratin pour que je lui procure de l’opium, jamais je n’aurais dealer.
Hier j’ai écrit au journaliste de l’Aurore pour lui dire que je portais plainte contre lui pour diffamations et propos mensongés (il vat faire une drôle de gueule ce facho !)
Bon je te quitte ce soir. Je vais essayer d’écrire une bafouille à P. avant que mon médicament fasse effet sinon je ne réponds pas de mon délire.

Amicalement

H.

Salut

P.S. Je t’écris au nom de X. fils because j’ai appris dernière­ment que ton père s’appelait X ! Le courrier est-il beaucoup plus rapide avec des timbres à 50 qu’avec des timbres à 30 ?