Habes, c’était mon meilleur copain ; c’est avec lui que je suis tombé pour la première fois ; je suis resté 3 mois et demi à Fleury. La seconde fois, c’était pour une mobylette.
La dernière fois que j’ai vu Habes, c’était à Fleury, un Mardi ; j’allais lire la publicité pour le cinéma. Il faisait le fou là-bas ; il emmerdait les gardiens ; mais il était très intelligent ; il devait aller dans un foyer à Saint-Hilaire.
Le Mercredi de la semaine suivante un éducateur est venu me voir pour discuter. J’ai eu le malheur de parler de Deradji.
"Tu sais ce qui lui est arrivé, m’a demandé l’éducateur ? - Non, j’ai répondu ; je croyais qu’il était sorti comme il l’espérait. - Il s’est pendu." Alors j’ai pris mon plateau et j’ai tout cassé là dedans.
5 gardiens sont entrés dans ma cellule ; ils m’ont attrapé et descendu. Je suis resté 4 jours en contention, bras, poitrine et jambes attachées ; en plus on me donnait du Valium et de l’Equanil (une petite bouteille, matin midi et soir). On me détachait seulement pour manger.
Au bout de quatre jours, ils m’ont sorti et j’ai eu une occupation ; je servais la bouffe. Mais je prenais toujours des cachets.
Je croyais pas Habes capable de faire ça. Je ne comprends pas pourquoi. Il voulait devenir électricien et on devait partir ensemble au Maroc.
27 Novembre 1972