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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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La crise grecque
Le Réveil Prolétarien n°15 - Janvier 1945
Article mis en ligne le 6 juin 2014
dernière modification le 15 mai 2018

par ArchivesAutonomies

Les événements de Grèce ont suscité beaucoup de commentaires en France. La presse officielle, dans sa majorité avec plus ou moins de réticences, s’est déclarée favorable à la Résistance. Même les "semi-légaux" trotskistes ont pris la défense de la "révolution" grecque, réclame des vivres pour les insurgés.
La crise grecque, avec beaucoup plus d’acuité, a le même caractère que la crise belge et le conflit qui se faisait jour entre le gouvernement et les organisations de la résistance française. En Grèce comme ailleurs une fraction de la bourgeoisie s’est trouvée en opposition avec une autre fraction de la bourgeoisie. Car entre les chefs de l’ELAM et Papandréou, comme entre Pierlot et la Résistance belge, entre De Gaulle et la Résistance française, entre le gouvernement polonais de Londres et celui de Lublin, les divergences portent seulement sur la manière de faire subir le joug capitaliste aux ouvriers.
Pendant des années, tous ces gens ont marché ensemble, entraîné le prolétariat dans la guerre impérialiste et aujourd’hui encore, ils sont d’accord pour la continuation de la guerre et le maintien du régime capitaliste.
Les revendications principales de l’ELAM consistaient dans le retrait d’un corps de police trop compromis pendant l’occupation allemande et un remaniement du gouvernement bourgeois.
Mais la source réelle du conflit est plus profonde. Comme en Pologne, chaque clan bourgeois reflète en réalité les intérêts d’un courant impérialiste. Bevin, porte-parole de Churchill, déclarait que la Grande-Bretagne avait des intérêts en Grèce qu’elle ne pouvait abandonner à aucun prix : que le débarquement anglais en Albanie coïncidait comme par hasard avec l’avance russe dans les Balkans.
Derrière la combinaison gouvernementale grecque se dissimulent des conflits impérialistes. Comme dans la guerre contre l’Allemagne, les Grecs sont entraînés dans la guerre civile. On présentera la participation ouvrière au mouvement insurrectionnel comme un trait révolutionnaire. Mais la participation des ouvriers parisiens à l’insurrection nationale ne lui confère pas pour cela un caractère révolutionnaire.
La tâche des vrais communistes ne consiste pas à suivre la masse dans ses erreurs mais à lui montrer ses fautes en restant isolés contre le courant s’il le faut. En Grèce comme en Belgique et en France, il y a eu dualité de pouvoir entre deux fractions de la bourgeoisie mais non entre le prolétariat et la bourgeoisie.
Le pouvoir ouvrier, la véritable dualité de pouvoir, a existé en germe en août 1944 en France, entre quelques comités d’usine et le gouvernement, comités liquidés par la bureaucratie syndicale.
C’est cette dualité de pouvoir qu’il faut créer et développer, c’est là la tâche des communistes révolutionnaires en France comme en Grèce.
Nous devons dénoncer les manœuvres de la bourgeoisie et aussi celles des staliniens, des social-patriotes et des trotskistes de "La Vérité" qui en prenant une fois de plus la défense d’un clan de la bourgeoisie, entraîne le prolétariat vers de nouvelles et sanglantes défaites.