par ArchivesAutonomies
PREFACE.
I
Dans sa lettre de démission qu’elle a lue au 1er Congrès du "PCI" avant d’en sortir, la fraction communiste-révolutionnaire a déclaré :
"Toute l’histoire du mouvement ouvrier montre qu’une organisation atteinte par le virus centriste ne peut pas être régénérée ; les "erreurs" centristes n’étant pas déterminées par la faiblesse humaine des dirigeants, mais par l’attachement des directions centristes aux impérialismes…"
"Un des premiers noyaux qui se soient formés sur cette base, le RKD (Communistes Révolutionnaire d’Allemagne) a élaboré malgré l’hostilité et le sabotage des directions trotskistes (notamment sur la plan de la solidarité) une plate-forme politique qui constitue dès maintenant pour tous les Communistes Révolutionnaires se trouvant dans le PCI et hors de lui, LA BASE DE DISCUSSION SUR LAQUELLE DOIT SE FAIRE L’ÉLABORATION POLITIQUE en vue de la formation de la nouvelle Internationale Communiste".
Le passage d’une région entière sur des positions communistes-révolutionnaires a rendu possible la convocation de la 1ère Conférence de contact des CR de France. Participaient à cette conférence les délégués de Paris, de province et des CR allemands. La Conférence était à la fois l’aboutissement d’un travail idéologique et organisationnel préparatoire (dont nous parlerons dans cette brochure) et le point de départ d’un travail CR organisé en France.
II
La Conférence a adopté une série de résolutions programmatiques. Voici le texte sur "LA CONSTRUCTION DU NOUVEAU PARTI COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE".
16) L’histoire a prouvé que le prolétariat ne peut pas accomplir sa mission historique sans Parti communiste révolutionnaire. Ce Parti doit réunir dans ses rangs les meilleurs éléments, les plus éduqués, les plus dévoués et les plus décidés ; il doit savoir utiliser toutes les expériences de la lutte de classe connues jusqu’ici ; sa méthode doit être le matérialisme historique, sa base politique la politique marxiste, sa structure doit être le centralisme démocratique (démocratie dans le parti, liberté de discussion et de fraction dans le cadre des principes marxistes, et ceci aussi après un vote majoritaire ; élection de tous les responsables). Le parti doit tendre à devenir un parti de révolutionnaires professionnels dans le sens du parti de Lénine (voir "Que Faire ?"). Les principes de ce livre de Lénine sont directeurs pour le caractère du parti CR.
17) L’histoire a prouvé également que redressement d’un parti centriste est impossible. Tous les exemples du mouvement ouvrier le prouvent sans exception. Les efforts des spartakistes et des marxistes orthodoxes d’avant 1914 pour régénérer la 2ème Internationale ont échoué. Au nom du Spartakusbund, Mehring avoue en 1918 : "Dans une chose seulement, nous nous sommes trompés, c’est-à-dire quand, après la fondation du "Parti Indépendant", bien entendu en gardant notre point de vue, nous nous sommes joints organisationnellement à ce parti, dans l’espoir de pouvoir le pousser en avant. Nous avons dû abandonner cet espoir". Tous les partis centristes (USPD, SAP, PSOP, POUM, etc.) ont disparu ou ont évolué vers la droite, comme le ILP, parti petit-bourgeois. Les tentatives des trotskistes, brandlériens et bordiguistes de redresser la 3ème Internationale centriste (1924-1928 ; 1933-1935) échouèrent complètement. Au contraire, ces oppositions et fractions de "gauche" étaient infectées elles-mêmes par l’opportunisme. Les entrées trotskistes dans la SFIO et le PSOP se terminèrent par une faillite totale. Les essais de régénérer ces différentes fractions centristes de "gauche" aboutirent également à un échec total.
Des organisations (partis, fractions, etc.) une fois infectées par le poison opportuniste et bureaucratique, c’est-à-dire par l’influence bourgeoise, ne sont pas à régénérer : la scission s’impose dans tous ces cas. Par conséquent, les communistes révolutionnaires, après avoir reconnu le caractère centriste et opportuniste d’une organisation, rompent avec elle ouvertement, politiquement et organisationnellement et se constituent en noyau communiste révolutionnaire. Toutefois, pour des raisons tactiques, ils engagent certains camarades à rester clandestinement dans l’organisation centriste, pour y faire un travail de noyautage et en arracher le maximum possible d’éléments sains.
18) Le nouveau parti doit être international dans son programme et dans son organisation ; doit rompre sur tous les plans avec la dégénérescence réformiste, stalinienne et centriste, mais non pas avec les principes marxistes de la 1ère, 2ème, et 3ème Internationale, ni avec ceux des groupes communistes de gauche et du mouvement bolchevik pour la IVème Internationale Communiste.
La nouvelle IC ne peut être que le produit d’une part de l’effort idéologique et organisationnel des groupes CR présents et d’autre part de la montée révolutionnaire qui approche. nous nous délimitons à la fois de la croyance en une formation spontanée du parti et des méthodes artificielles et ultimatistes, revers du spontanisme.
19) Dès maintenant, il faut se lier étroitement à la classe ouvrière, participer à ses luttes de classe et les pousser aussi loin que possible. Dès maintenant, nous devons, sur le plan de l’agitation, de la propagande et de l’organisation, nous efforcer de jouer le rôle de l’avant-garde, parce que ce n’est qu’en remplissant ce rôle que nous deviendrons effectivement le parti CR qui est encore absent à l’heure actuelle. Dès maintenant, il faut gagner pour le communisme révolutionnaire les éléments de gauche et vraiment bolcheviks qui se trouvent encore au sein des organisations opportunistes et centristes et former avec eux des cadres pour le nouveau parti communiste révolutionnaire à bâtir.
Dès maintenant, nous devons unir nos efforts à ceux de nos camarades dans les autres pays, surtout à ceux des Communistes Révolutionnaires d’Allemagne, de Russie, d’Angleterre, d’Amérique, d’Italie, d’Espagne, etc. pour construire une organisation CR internationale, avec des sections prêtes à la lutte finale qui approche.
Si ensuite certains camarades ont rompu avec la nouvelle organisation CR, c’est qu’ils ont rompu avec les idées défendues et proclamées par nous pendant de longues années, les idées répandues dans notre littérature et surtout dans la plate-forme auxquelles ils avaient donné leur adhésion formelle après avoir eu l’occasion suffisante d’en prendre connaissance. Les thèses proposées par le représentant du RK basées sur l’ensemble de notre littérature programmatique, ont été amendées partiellement par certains délégués dans la discussion à la conférence régionale de Paris et ensuite à la Conférence nationale (1ère conférence de contact).
Certes, le chemin sur lequel nous nous sommes engagés en 1944 est difficile à suivre. C’est le chemin contre le courant bourgeois et centriste et se battre avec succès contre les influences bourgeoises et petite-bourgeoises n’est pas l’affaire de tout le monde. Ainsi nous avons vu des défaillances et des désertions qui ont toujours rompu avec les thèses fondamentales sur la construction du nouveau Parti (dont nous avons cité ci-dessus la dernière partie. La rupture avec ces thèses n’était que l’expression théorique de la rupture matérielle avec l’organisation CR et la recherche de l’entente avec les différents groupes centristes.
L’organisation CR a continué son chemin et elle continuera. Le courant CR qui s’est affirmé devant les prolétaires de France st toujours là et la faiblesse politique ou morale de tel ou tel camarade ne pourra rien y changer. Personne ne réussira à l’effacer. La vague révolutionnaire qui monte couronnera de succès nos efforts si nous restons à nos postes.
III
Quant à nous, RK, notre position est restée à la même, telle que nous l’avons exprimée à la première conférence en octobre 1944 :
1) Depuis notre émigration, nous avons engagé tous nos militants d’être membres des sections nationales du mouvement pour la 4ème Internationale. Ainsi nos camarades, tout en restant membres du RK (organisation de l’émigration), devenaient automatiquement membres des différentes sections des pays où ils se trouvaient, étaient donc militants des sections tchécoslovaque, suisse, belge, française, suédoise et américaine du mouvement pour la 4ème.
2) Depuis 1938/39, le RK a rompu avec le trotskisme à cause de l’évolution opportuniste de ce dernier. Nos camarades quittaient par conséquent les différentes sections opportunistes. Les camarades qui arrivaient depuis 1939 de l’Allemagne n’adhéraient plus aux sections trotskistes. Néanmoins certains camarades du RK sont restés jusqu’en 1942 pour des raisons tactiques, au sein du POI de Lyon et de Marseille. Mais le RK ne pouvaient plus considérer le POI ni le PCI comme une organisation prolétarienne.
3) Le RKD salue avec la plus grande sympathie le noyau CR qui s’est formé en France et le considère comme l’organisation sœur sur le plan français ; il entend lutter avec lui contre le courant de l’opportunisme patriotard ou sectaire et former une seule organisation internationale pour la formation de la nouvelle (4ème) Internationale Communiste. Par conséquent, tous les militants (et sympathisants) du RK se trouvant en France, tout en se préparant en tant que section allemande à leur tâche en Allemagne, deviennent automatiquement militants (et sympathisants) de l’organisation communiste révolutionnaire française.
Paris, le 10 octobre 1944
* * * * *
A l’occasion du premier anniversaire de la première conférence de contact des Communistes Révolutionnaire en France, nous publions le suivant rapport sur notre travail pour la construction de l’Organisation C.R. en France. Pour comprendre nos divergences politiques et politiques-organisationnelles pendantes, pour éviter également les erreurs opposées, la connaissance exacte des faits réels et des documents authentiques est nécessaire. Par conséquent nous reproduisons ici les documents essentiels se rapportant à la préparation idéologique et organisationnelle de l’Organisation C.R. Ce n’est qu’à la fin de cette publication que nous analyserons cette activité pour en tirer des conclusions et les leçons qui s’imposent.
Nous rappellerons brièvement la période d’avant 1944. En ce qui concerne nos rapports avec d’autres groupes, surtout avec les groupes bordighistes, un récit séparé sera donné. Une présentation séparée est nécessaire à cause de l’abondance de la matière. En plus, nous renvoyons le lecteur à l’histoire politique du R.K. et de son émigration, publiée dans un numéro spécial. Nous nous pencherons donc ici en premier lieu sur notre travail pour la construction de l’Organisation C.R. depuis février 1944 jusqu’en 1945. Ce travail n’est que l’accentuation de notre activité en France depuis 1938-39.