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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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De la lutte révolutionnaire à l’Union sacrée antifasciste – Attruia
Terre Libre N°45 – 28 Janvier 1938
Article mis en ligne le 19 avril 2019
dernière modification le 19 mai 2019

par ArchivesAutonomies

Depuis que le régime capitaliste est entré dans la crise qui l’étreint depuis 1929, il apparaît de plus en plus aux yeux de tous que, pour en sortir, il n’y a que deux façons : la guerre pour la bourgeoisie, la révolution pour le prolétariat.

Malheureusement. à l’encontre de ce que d’aucuns pouvaient espérer, le prolétariat, trompé par ses "dirigeants", loin de prendre le chemin de la révolution, est en train de prendre, au contraire, celui qui mène à la guerre.

En effet, depuis quelque temps, il n’est plus question, dans les milieux ouvriers, que de la lutte antifasciste. Or, quand on sait que le fascisme est déterminé par l’évolution même du régime capitaliste, on se rend compte que la lutte antifasciste n’est que le prétexte qui permet à la bourgeoisie républicaine et démocratique de sauver son régime agonisant et de préparer, avec le concours des partis et organisations qui se réclament de la classe ouvrière, la guerre antifasciste.

Mais, penseront certains, il y a tout de même encore les anarchistes qui, eux, ne marchent pas. Eh bien, qu’ils se détrompent car, en dehors de l’union sacrée antifasciste acceptée et défendue en Espagne par les dirigeants anarchistes, il existe désormais en France une organisation, la SIA, "qui porte en elle tous les espoirs..." Et le premier meeting qu’elle vient d’organiser nous en fournit la preuve : plus de 10.000 personnes y assistèrent. Affluence qui, pour ainsi dire, ne s’était jamais vue dans un meeting organisé par des anarchistes.

Mais il faut qu’on sache que "la SIA est au-dessus des tendances" et cela explique tout. D’autant plus que la SIA ne se propose pas d’organiser la révolution, mais simplement d’apporter une aide efficace en faveur de l’Espagne antifasciste. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si elle obtient tant de succès : quand on abandonne la lutte révolutionnaire contre l’Etat capitaliste, le succès ne peut manquer de vous sourire...

Mais, dira-t-on, aucun révolutionnaire ne saurait se prononcer contre la solidarité envers l’Espagne antifasciste : et alors ? Eh bien, rappelons à ceux qui semblent l’oublier complètement que, pour un révolutionnaire, et surtout un anarchiste, il ne s’agit pas de lutter pour la défense de la démocratie bourgeoise contre le fascisme, mais contre l’État capitaliste, que celui-ci soit démocratique ou fasciste. C’est en partant de ce point de vue que nous refusons de marcher dans la guerre antifasciste que les États démocratiques préparent contre les États fascistes. Car il nous semble que, même affublé de l’étiquette démocratique, la bourgeoisie n’en demeure pas moins l’ennemi de classe du prolétariat qu’elle exploite et affame avec son État "démocratique" aussi bien que peuvent le faire les bourgeoisies des pays fascistes. Et même, pour être exacts, nous devons dire qu’elle le fait plus librement puisque, comme on sait, dans les pays fascistes, l’État a un droit de contrôle sur l’économie de la nation qu’il n’a pas en régime démocratique. Ceci dit, l’on comprendra que nous refusions de nous laisser entraîner comme un vil troupeau à la boucherie impérialiste que notre ennemi de classe prépare de plus en plus fébrilement avec le concours des "dirigeants défenseurs " de la classe ouvrière...

(A suivre)