Bandeau
Fragments d’Histoire de la gauche radicale
Slogan du site
Descriptif du site
Sortir de la logique du capital
Négatif N°3 – Novembre 2004
Article mis en ligne le 3 février 2019
dernière modification le 27 février 2019

par ArchivesAutonomies

Jusqu’à nos jours et partout dans le monde, le capital a finalement toujours vaincu grâce à sa capacité de faire triompher sa logique propre. Par le biais des formations politiques, des médias et de la publicité, les classes dominantes imposent leurs mots, leurs concepts, leurs problématiques. Ainsi, dans la glu de cette logique comme dans la réalité du monde, il n’y a plus d’ailleurs, plus de refuge. Les "Îles Fortunées" se sont reconverties en paradis fiscaux.

Le capitalisme n’est pas un moyen dont se serait dotée la société pour assurer l’essentiel. Il colonise l’ensemble de la vie sociale, il s’immisce dans tous les interstices de la vie privée. De plus en plus visiblement, le maintien de sa domination implique une organisation totalitaire de la société. Il entraîne dans son sillage nauséabond la planète tout entière et ceux qui l’habitent. Lorsqu’il éructe, ce sont des millions de personnes jetées à la rue ; lorsqu’il vomit, c’est la guerre, avec ses monceaux de cadavres. Plus que jamais, il nous agresse à chaque instant, vole notre temps, déchire des vies.

Le capitalisme est strictement étranger à toute forme de considération pour les individus qu’il emploie ou abandonne le long de la route. Que représente d’ailleurs pour lui un individu dont les rêves, les besoins et le cas échéant la survie viennent interférer dans la libre circulation de la marchandise ? Un obstacle. Les capitalistes ne sauraient déroger à cette logique sans se mettre en péril. Ils n’acceptent de lâcher du lest, notamment en matière salariale, que lorsqu’ils le peuvent, ce qui leur permet d’acheter la paix sociale. La période qui va de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au début des années soixante-dix est l’un de ces moments, mais il est l’exception. La règle, celle que nous connaissons aujourd’hui par cœur, c’est la violence sociale à l’état brut.

Toute forme de contestation qui ne parviendra pas à opposer à la logique du capital sa propre conception du monde se condamnera soit à l’impuissance, soit à la complaisance à l’égard d’un système auprès duquel elle jouera le rôle de boîte à idées. Il est en effet reposant pour beaucoup de se dire que, faute de pouvoir agir sur les causes, on peut au moins tenter d’adoucir les effets. Les plus sincères d’entre eux verront leurs illusions broyées par l’implacable logique du capital. Les autres se feront sans doute offrir un strapontin du côté de Davos, après avoir paradé dans tous les "forums sociaux" de la planète. Parmi ces derniers, qui considèrent que "révolution" est un gros mot, ils sont pourtant nombreux à avoir milité dans des partis ou organisations qui ont contribué à le salir au W siècle.

Les derniers mouvements sociaux ont montré qu’il existe un mécontentement profond. Le fait qu’ils n’aient pas su dépasser les simples revendications de circonstance est certainement en grande partie responsable de leur échec. La seule façon d’éviter les missiles du capital n’est pas d’essayer d’en corriger la trajectoire, mais d’en tarir la source. Il est possible, encore aujourd’hui, de créer une dynamique libératrice. Nous tous qui souhaitons ouvrir une brèche dans l’ordre ancien, mettons-nous à parler et à agir selon nos convictions. Sinon, quand le ferons-nous ? Finis les consensus mous ! Finies les parlottes avec les syndicalistes de trop bonne compagnie ! Dénonçons systématiquement toutes les manipulations. Il ne faut pas craindre d’enfoncer des coins dans les belles unités de façade. Favoriser l’éclosion des mouvements sociaux et y participer lorsqu’ils se produisent ne signifie pas rester à la traîne des réformistes sous prétexte qu’il ne faut pas effrayer les masses.

Et peut-être, un jour, pourrons-nous accrocher nos rêves aux "nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"