- Rock against police N°1 – Avril 1980
- De Vitry à Nanterre : L’histoire politique de jeunes immigrés
- Taleb Hadjadj – "Restons optimistes"
- Rock against police N°2 – 15 Mai 1980
- Vitry, cité des marroniers
- Lycée Jean Macée – Baston à la cantine
- En attendant Rock against Police n°3 à Nanterre
- Les forbans
- Rock against police N°3 – Juillet 1980
- Vitry – Réappropriation de la fête dans nos cités
- Ivry : baston au centre commercial
- Bondy – Le fasciste, ça s’écrase
- Flics-fafs : le relai
- Vous avez dit loubards ?
- Anti-fascisme : contre-enquête
- Prisons – Faire sortir nos copains
- Nanterre, les mômes prennent la relève
- Résistance urbaine à Lyon
- Reconnaissance juridique
- Le rock, un enjeu social
- Rock against police N°4 – Avril 1981
- Le relogement familial
- Vitry, Montigny, Plogoff, même combat
- Atelier photo
- Rock against police N°5 – Mai 1982
- Nanterre
- Cité de transit Guttemberg
- Ter’nan – V’là les ilotiers !
- Collectif d’avocats – Vers un manifeste de défense pénale
- Prisons : la déprime
- Expulsions, papiers – Les éternels récépissés
- Zaâma d’banlieue - Mai 1981
- Édito
- Grève de la faim
- Deuxième génération génération zéro
- 1 de perdu, 10 de retrouvé
- Attention un immigré se rebelle
- Interview de Carte de séjour
- Tim a dit je vuex
Emissions de radio
Les 6 documentaires sonores suivants ont été publiés sur le blog "Rock against police, les lascars s’organisent". Nous invitons les lecteurs à lire leur présentation qui revient sur cette période et la genèse de cette expérience.
On peut consulter par ailleurs le site "Paris-Luttes.info".
- Épisode 1 : S’affirmer tel qu’on est et pas tel qu’on devrait être
"C’était avant tout l’idée de prendre la parole, c’était pas de la donner. Nous, on n’avait pas les moyens de donner la parole, on se donnait les moyens de la prendre. Et une parole collective qui se fait par tâtons… On se cherche aussi, et on se construit beaucoup, peut-être à la différence d’aujourd’hui, dans le collectif." Samir
Entre 1980 et 1983, l’expression Rock Against Police donne son nom à une série de concerts organisés au beau milieu des cités. Le réseau à l’initiative de ces concerts s’est constitué à travers des rencontres faites autour de la troupe de théâtre Week-end à Nanterre, des coordinations de luttes lycéennes, du journal de l’immigration Sans Frontière, des radios libres, des mobilisations contre les expulsions de jeunes immigrés et contre les crimes racistes et sécuritaires. Autant de réalités qui disent le bouillonnement "politico-culturel" qui caractérise alors la jeunesse métropolitaine et la banlieue. Les concerts Rock against police en seront l’une des expressions importantes : la tentative par des "jeunes immigrés et prolétaires" de se réapproprier leur "territoire social" quotidien et de se doter d’une "histoire politique propre".
Avec Mogniss, Samir, Rabha Attaf et Bernard.
Musiques : Origines Contrôlées, Ecoute maman, David Batiste and the Gladiators, Les Flambeurs, Carte de séjour, Lounis Lounes, Charles Wright.
- Épisode 2 : Se rencontrer et se coordonner
"On est à la fin des années 70′, début 80′. On est dans une période où on a des quartiers qui sont des réserves à chômeurs, et dans lesquels, en gros, tu as deux institutions : l’école, qui fabrique des chômeurs, avec diplômes ou pas, et la police. À l’époque, il ne se passe pas un mois sans qu’il y ait un gars, en général un arabe, qui se fasse buter par un flic ou par un beauf tonton flingueur, et donc ça, ça crée des rapport très tendus avec la police." Samir
Le premier concert Rock Against Police, a lieu dans un squat du 20ème arrondissement de Paris, en avril 1980. Cette année là, 8000 jeunes immigrés se font expulser. Et en quelques mois, trois jeunes sont tués par des flics ou des beaufs racistes : Yazid Naïli à Strasbourg, Abdelkader Ghrib à Valenton, Abdelkader Lareiche à Vitry. Pour les « lascars », il faut réagir collectivement face à ces meurtres. L’organisation de ce concert est une première tentative de rencontres entre différents réseaux : habitants de cité de transit, jeunes banlieusards, rockers et punks, squatters et militants de l’autonomie.
Avec : Samir, Mogniss, Bernard, Mounsi, Alessi Dell’Umbria, Dom et Franck.
Musiques : Wunderbach, La souris déglinguée, Pieds joints, Les forbans
- Épisode 3 : Police hors de nos quartiers ! S’organiser contre les crimes racistes et sécuritaires
"La galère, c’est ça, t’as pas de thune, tu t’ennuies un peu, mais t’as pas envie non plus de zoner en bas de l’escalier comme un con à fumer des joints, t’as de l’énergie. L’idée de RAP, c’était d’exister. On manifestait mais en faisant quelque chose, on manifeste pas seulement en revendiquant ou en quémandant. On veut du pain, on le prend ! Nos parents, ils se sont fait avoir, ils sont venus bosser ici dans les années 30′, 40′, 50′, ils se sont fait exploiter, ils ont pas eu droit à tout ce qu’ils méritaient. Et donc en fait, on récupérait ce qu’on nous avait volé." Nestor
En mai 1980 à Vitry, un deuxième concert Rock against Police est organisé avec des habitants de la cité Couzy, mobilisés autour de la mort de Abdelkader Lareiche, tué par un gardien d’immeuble. Dénoncer au niveau national la politique sécuritaire et raciste dont les jeunes sont la cible, se coordonner et s’organiser concrètement face à la justice font partie des enjeux du réseau Rock against police. Mais ces concerts auto-organisés sont aussi un moyen de se réapproprier le territoire de la cité, "un moment parmi d’autres de circulation et de coordination des jeunes prolétaires de banlieue". (Journal-tract Vitry).
Avec Lounis Lounes, Nestor, Alessi Dell’Umbria, Mogniss, Bernard et Mounsi.
Musiques : Trust, Lounis Lounes, LKJ, Jessy Garon, Les Clash.
- Épisode 4 : Les bandes sons de la révolte
"Une fois plaqué le dernier accord de guitare, qu’est-ce qu’on fait ?" (Alessi Dell’Umbria)
Le pari du réseau Rock Against Police s’appuie sur la dynamique sociale très forte qui entoure le rock et la musique au début des années 80, et voit émerger un peu partout des groupes, souvent éphémères, composés de jeunes prolos, banlieusards, français, immigrés. Que se soit à travers le punk, le blues, la soul, le funk, c’est la même urgence qui se retrouve partout où une jeunesse révoltée cherche à affirmer son vécu et ses besoins. Elle explique en partie, avec la défiance vis-à-vis de la police, la diffusion et la reprise de l’initiative Rock against police dans différentes villes françaises.
A Marseille, par exemple, où suite à une série de meurtres policiers, une bande de jeunes punks organise le 5 juillet 1980 un concert dans les quartiers nord de Marseille. Ou encore à Argenteuil, le 25 avril 81, où un concert est organisé en hommage à Djamel, un compagnon de lutte du réseau Rock Against Police, qui avec son pote musicien Mounsi, s’était battu pour l’avènement « d’une culture autonome immigrée ».
Avec Bruno, Alessi Dell’Umbria et Mounsi.
Musiques : The Ruts, Strychnine, Sex Pistols, The Clash, Mounsi, Chihuahua, Nuclear Device, Duke Ellington, James Brown, Archie Shepp.
- Épisode 5 : "On n’est pas là pour gérer la misère !" - S’inscrire et lutter dans un territoire
"On voulait être autonomes, créer nos mouvements à nous, sur nos propres préoccupations sociales". Rabha Attaf
Après plusieurs expériences, le réseau Rock against police organise deux nouveaux concerts à Nanterre en juin 1981 et en mai 1982. Depuis plusieurs années, les habitants des cités de transit, anciens occupants des bidonvilles, se battent pour de meilleures conditions de vies.
En octobre 1982, cinq mois après le dernier concert, Abdenbi Guemiah, un des organisateurs, est tué par un habitant des pavillons avoisinant la cité. Le réseau RAP et les habitants de la cité de transit s’organisent alors autour du procès du meurtrier et poursuivent la lutte pour le relogement de tous les habitants de la cité de transit.
Avec : Mounsi, Rabha Attaf, Samir, Nordine Iznasni et Mogniss.
Musiques : Dahmane El Harrachi, Carte de séjour, Les Clash, Les amis d’Abdenbi.
- Épisode 6 : On n’a pas fini de marcher
"Le projet principal, c’était de transformer les gens en acteurs de la transformation de leur situation sociale. Faire en sorte que les gens assument cette potentialité qu’ils avaient, et ne plus être dans les discours d’emprunt. Parce qu’on était dans une époque où souvent, pour s’exprimer sur la place publique, soit on rentrait dans le système de délégation, soit les gens intériorisaient eux-mêmes le discours qui existait et qui ne correspondait pas à leur réalité ou à leurs aspirations." Mogniss
Le dernier concert Rock against police a lieu en mai 1982, un an avant l’arrivée de la "Marche pour l’égalité et contre le racisme" à Paris. Les tentatives de coordination expérimentées depuis plusieurs années par le réseau Rock against police, se multiplient à l’échelle nationale autour des luttes sur le logement, et à̀ travers les forums-justice. Partout, elles s’accompagnent de la création de leurs propres outils de communication (qu’il s’agisse de journaux papiers, de films vidéo ou d’émissions de radio).
En 1983, la dynamique de la Marche offre une caisse de résonance inédite à ces luttes concrètes et déjà anciennes, mais devient également l’enjeu de stratégies politiciennes qui connaîtront leur apogée avec la création de SOS racisme un an plus tard. La question de l’organisation et de l’autonomie de ces luttes se pose alors avec urgence.
Avec : Rabha Attaf, Mogniss, Mounsi, Samir, Nordine Iznasni et Bernard.
Musiques : Babylon Fighters, Ausweiss, Radical Dance Faction, Gom Jabbar et Puppa Leslie.