par ArchivesAutonomies
Il y a un bout de temps, je jaspinais aux camerluches la dégoûtante cochonnerie du ratichon de Saint-Eustache qui, trouvant mauvais que les purotins s’enquillent dans sa boîte à oremus, en avait fait rafler, un seul matin, une cinquantaine.
A cette occase, les camards bourgeois l’ont fait à la pose, gueulant qu’une telle vacherie est abominable — surtout de la part des sacs à charbon qui braillent dans tous les égrugeoirs qu’on doit pratiquer la charité.
Nom de dieu, on sait ce qu’elle vaut, leur charité ! C’est une balançoire dont ils se servent pour plumer et assassiner le pauvre monde...
Mais, c’est pas de ça qu’il s’agit. Aujourd’hui, c’est pas aux cléricochons que j’en ai — c’est tout bonnassement à des républicains de derrière les fagots.
Des républicains qui, peut-être, ont braillé comme des bourriques en apprenant le coup du ratichon de Saint-Eustache (faisant foutre au clou cinquante déchards qui s’étaient réfugiés dans sa turne, histoire de réchauffer leurs abattis).
Pour ne pas vous faire languir, les camaros, je dépose ci-dessous un bout de tartine publiée le 14 janvier, dans le quotidien archi-bourgeois en question : ça s’intitule l’Événement.
Lisez, les aminches ! Lisez... Pendant ce temps-là je vas me passer un peu de phénol-bobeuf pour me purifier — à tout à l’heure :
Après les asiles de nuit, les asiles de jour. Ce sont nos musées qui, de 10 heures du matin à 4 heures du soir, recueillent la fine fleur de la pouillerie parisienne depuis que .le froid pince un peu plus ferme. Inutile de chercher à s’asseoir sur les banquettes de velours, les chevaliers du pou s’y vautrent dès l’ouverture des portes, semant généreusement leurs parasites sur le mobilier de l’administration, ce qui suffirait d’ailleurs à déterminer les autres visiteurs à ne pas occuper les rares petites places que ces messieurs laissent parfois entre leurs loqueteux personnages. Seul un entomologiste pourrait y trouver son compte.
L’administration des musées est navrée de voir les salles ainsi envahies. Mais que faire ?
Oh, rien de plus simple.
Qu’elle supprime les banquettes et qu’elle profite de la circonstance pour leur faire subir une sérieuse épuration.
La bonne chaleur répandue dans les galeries a évidemment beaucoup d’attraits, mais elle sera insuffisante pour retenir cette nouvelle Cour des Miracles.
Axiome : On ne s’épouille bien qu’assis.
Hein, les camaros, quoi que vous en pensez ?
Non seulement ces birbes-là se poussent du col avec leur républicanisme de saltimbanques,
Non seulement ils n’ont pas une parole de pitié pour les mistoufliers,
Bien plus, ils se foutent de leur fiole !
Ils terminent leur dégeulage avec ce qu’ils appellent un axiome, et ils affirment : on ne tue bien ses poux qu’assis !
Nom de dieu, je ne suis pas du même avis que ces bourgeois : je trouve que pour bien crever un pou, faut
bien s’arc-bouter sur ses deux guibolles, et emmancher au bout de son bras, sinon un surin, du moins une riche trique — à moins qu’on ne préfère un revolver...
Foutre, faut tout dire ! C’est peut-être pas des mêmes poux que nous parlons.
C’est surtout aux poux sociaux que bibi en a — et j’ai raison, tonnerre de Brest ! Les autres, qui grouillent sur les limaces des déchards ou dans leur tignasse, ils ne sont que la marmaille des sociaux.
Donc, j’ai raison de m’en prendre aux pères de famille.
* * *
Sacré nom de dieu de jean-fesse ! Vous faites les dégoûtés parce que les traîne-misère vont roupiller dans vos musées.
A qui la faute, mille charognes ?
Vous êtes douillards ; vous gobelotez chez les grands bistrots ; vous pioncez dans des plumards chouettement rembourrés.
D’où vient que vous êtes si rupins ?
Pas difficile à dire nom de dieu !
Vous êtes riches de la mistoufle du populo.
Qu’il n’y ait plus de déchards, bouffant des briques, lichant du sirop de grenouille, refilant la comète, six fois par semaine — et vous baisserez le caquet !
Eh bien, oui ! S’il n’y avait pas des chiées de malheureux logés à l’auberge des quatre vents, y aurait pas mèche de patachonner comme vous faites.
Oh, là, là ! Ce que j’en dis glisse sur vos frusques, kif-kif, sur une capote de tortue.
Vous saisissez tellement peu ce qu’il y a de dégueulasse à nocer au détriment du pauvre monde que, non contents de ça, vous insultez à sa misère !
* * *
Les jaspinages du canard Evénement prouvent une chose que je ne décesse pas de rengainer :
A savoir qu’entre les républicains et les ratichons, il n’y a de différence que dans l’habillement.
Les uns ont toujours plein la gueule de Charité,
Les autres dégobillent à perte de vue sur la Fraternité.
En vérité, nom de dieu, ils méritent d’être foutus dans le même sac.
Depuis un sacré temps, on nous bassine avec la suppression des chiottes, des tinettes, et autres récipients de pourriture, remplacés par un système galbeux qui conduira tout à l’égout.
Nom de dieu, le populo ferait bougrement bien de pratiquer le tout à l’égout sur les charitables chrétiens et les fraternels républicains.