par ArchivesAutonomies
Les jean-le-cul qui exploitent le populo nous clabaudent aux oreilles, ou bien gribouillent dans leurs sales canards :
"Le pays se dépeuple : le nombre de naissances décroît !... Què ce que nous allons devenir ?..." et patati et patata, et un tas de rengaines de la même tinette.
Tiens, je t’écoute que ça les emmerde ça ! Mais nous, frimeurs et filoutés, què ce que ça peut nous foutre ?
Au contraire, nom de dieu, c’en est que plus chouette ça, et je conseille même à mes bons bougres de copains la grève générale de la fabrication des gosses.
Faudrait que nous soyons andouilles comme des tourtes pour foutre à tous ces cochons-là des turbineurs pour leurs bagnes, des troubades à un rond par jour pour garder leurs propriérés volées, des larbins pour les torcher et des gonzesses pour les faire rigoler.
Ah mais non, foutre ! Qu’ils se servent de leurs avortons à eux pour toutes ces corvées-là — ou bien que nous autres, moins nombreux, nous sachions mieux nous entendre pour foutre au rancard tous les flaire-fesse et imposer nos conditions.
Ces tas de mufles richards piaillent comme des crocodiles sur leur bétail qui ne fait pas assez de petits ; ils trouvent qu’on ne leur donne pas assez de bidoche à esquinter, à mitrailler ou à lubriquer.
Ah, nom de dieu de nom de dieu, ils en ont bien plus qu’il ne leur en faut des esclaves, des troubades, des larbins et des gonzesses. Mais ils en veulent à tire-larigot : l’abondance des prolos en faisant le bon marché, plus il y en a, moins ils coûtent à nourrir.
Aussi, chaque fois qu’une pauvre bougresse pond un gosse qui n’est pas mûr vous entendez les chameaux brailler !... Ils sont floués, quoi !... On fout la gonzesse à l’ours, et eux qui, souvent, ont fait le môme hurlent comme des volés.
Si vous lisez par hasard un de leurs canards, qui représente comme ils disent dans leur jaspinage : "Les mœurs du grand ton" (elles sont chouettes !), vous reluquerez que leurs femelles à eux se foutent de la "foi conjugale" comme d’une guigne véreuse ; il n’y a pas plus putains que ces garces-là ; ce qu’elles doivent ramasser dans leurs tiroirs, de polichinelles à 36 pères, on peut s’en faire une doutance ! Eh bien, nom de dieu, elles ne vèlent pas plus qu’il ne leur convient : ordinairement elles mettent bas deux bourgeoisillons, le reste est escamoté.
Pour celles-là, les richards s’en foutent ! Au contraire, ça fait mieux leur compte : y aura toujours assez de singes pour partager la galette ; mais des esclaves, c’est une autre paire de manches ! Le troupeau ne sera jamais trop grouillant, et si la moitié crève de misère, tant mieux : on en aura à gogo pour un verre de lance et une chique de tabac.
Tas de jean-foutre !... Attendez un peu qu’on vous en fiche par tombereaux des zigues et des lascars !...
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C’est comme les pauvres bougres qui ont plein le cul de cette vache d’existence et sautent à pieds joints dans la mort : "C’est une lâcheté !" braillent tous ces vautours à qui la proie échappe.
Et si c’est un troubade trop emmerdé qui, à la fin, se démolit, les galonnés engueulent avec rage sa pauvre carcasse qu’ils font foutre au fumier. C’est une bête à misère de moins dans les écuries ; ils s’en vengent en la traitant de sale charogne.
Ainsi, toutes les rosses enjuponnées, galonnées et tonsurées se donnent le mot pour bâter le bétail humain au profit des filous de leur genre et pour veiller au peuplement du troupeau qu’ils esquintent et laissent crever de faim.
Ne piges-tu pas, populo, que tu serais par trop couillon de couper dans leur truc ?
Ne fais, comme eux, qu’un ou deux mioches : pas du tout, même, serait encore plus bath. Dans vingt ans, il y aura moins de turbins, de larbins et de troubades, et pour lors, ceux qui en voudront seront forcés d’y mettre le prix. Tes gosses ne masseront plus pour la seule perspective d’un bout de bricheton, avec le dépôt des mendigots pour leur vieux os.
C’est pas le nombre qui fait la force : tu n’as qu’à guigner ça dans les blagues d’élections où, quoique le plus fort, t’es toujours roulé.
A peu, y a mèche de truquer hurfement pour envoyer chi... quer nos exploiteurs et pour foutre sur la gueule à tous les mecs enjuponnés ou galonnés qui voudraient nous emmerder.
Puis, autre chose : on hésite davantage à faire de la rouspétance quand on a derrière soi des piaulées de mioches... c’est- emmerdant de les laisser sur le pavé.
Un zigue à la coule.