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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Présentation par nécessité du texte qui suit
Négation, N°1, s.d., p. 37-38.
Article mis en ligne le 19 novembre 2013
dernière modification le 11 février 2018

par ArchivesAutonomies

Le texte qui suit a été écrit au début 1970. San intérêt essentiel actuel, (illustrer ce que nous avançons sur le refus du travail et les liens entre les différents secteurs du prolétariat au sein de la dialectique sociale urbaine), converge de façon éclatante avec la raison de sa rédaction pour le camarade, alors plongé quotidiennement par son mode de vie dans cette pratique qu’il essayait de relier, théoriquement, au mouvement de la lutte des classes. Cette pratique lui servait, non seulement à sa propre vie, mais aussi à comprendre celle des autres jeunes prolétaires qui partageaient avec lui leurs espace- temps ; et enfin, pour la compréhension du sens que pouvait avoir cette pratique dans la mouvement prolétarien.
Ce texte qui était "issu de", et "se rapportant à" une situation spécifique (Valence en l’été 1969) était aussi une suite que des camarade pensait donner à : "Naissance du mouvement radical", petit texte paru dans : "Informations-Correspondance-Ouvrières" n°93, en réponse à : "Luttes de classes et mouvement révolutionnaire", éditorial de discussion du groupe "Archinoir".
Quel était le débat en question ? Le groupe Archinoir.et le camarade en question (qui y participa par la suite), face à la position dominante dans I.C.O. à l’époque, comme quoi seules les luttes sur les lieux de travail sont révolutionnaires car allant dans le sens de la prise en main des moyens de production par les prolétaires, essayaient, d’une part, de montrer en quoi les luttes du prolétariat étaient aussi très vives en-dehors des lieux de production (rues, bals, cf : "les bals du pouvoir". Archinoir n°3, etc...), en quoi, même, elles étaient les luttes qui unifiaient les prolétaires entre eux, en quoi le refus du travail devenait bien la motivation des luttes des prolétaires les plus combattifs (dans les usines : sabotage, déconnante, grèves), (et dans l’espace-temps extra-travail : absentéisme, refus d’aller bosser, marginalité relative et temporaire, etc...), et qui les unissait sur les lieux de production et en-dehors ; d’autre part, en quoi le prolétariat devenait de plus en plus l’humanité prolétarisée ( ouvriers _et_ employés, intellectuels, etc...) et, enfin, tentaient d’amorcer une critique de l’idéologie autogestionnaire conseilliste, en se basent sur ce refus du travail et sur les possibilités de relative suppression de ce dernier par 1’automation.
Cet éditorial dans I.C.O., repris dans Archinoir n°3, ainsi que la réponse du camarade, furent largement conspués par beaucoup n’y voyant qu’une variété de "vie-guotidiennisme", ce qui était radicalement faux. Cette attitude s’explique par l’idéologie conseilliste bornée qui n’enregistre aucun fait social en-dehors de l’usine sans le déclarer non-social car non économique ; et s’explique aussi par les limites intrinsèques à notre analyse d’alors. Nous n’arrivions pas à réunir de façon théori­que profonde ce qui unit matériellement le refus du travail, l’unification des luttes, les luttes sur les lieux de production et en-dehors. Nous voyions, nous sentions, nous vivions des phénomènes (dont l’un, particulièrement : le refus du travail vécu par des couches de plus en plus importantes de jeunes prolétaires) ; nous appréhendions l’existence d’un lien entre ces phénomènes, entre les grèves sauvages et les luttes dans les bals par exemple, mais nous ne faisions qu’affirmer la nécessité d’existence de ce lien sans pouvoir l’expliquer. Nous voyions ce qui était radicalement en-train de changer, mais la conscience que nous en avions était immédiate, issue de Mai 68, directement, à cheval sur deux époques. Des phénomènes nouveaux, de nouvelles manifes­tations de la lutte de classes faisaient irruption en nous, devant nous, et nous avions le besoin impérieux de les énoncer et d’essayer de les analyser. Mais nous n’avions pas une analyse claire et historique, basée sur une compréhension économique de la phase du capitalisme dans laquelle nous vivons.
Nos bases économiques, en particulier, étaient généralement les mêmes que celles de ceux qui nous critiquaient comme ci-dessus. En fait, nous ne pouvions pas posséder, alors, l’analyse développée dans le texte : "Le prolétariat comme destructeur du Travail", car nous étions encore pratiquement en Mai 68, un an après ; c’est-à-dire que, tous ces phénomènes critiques du travail ne s’étaient pas montrés dans tous leurs aspects, dans leur totalité, mais ne faisaient alors que s’imposer à la conscience, qu’émerger.
Les limites et les contradictions du groupe Archinoir se trouvaient là-dedans, et c’est à partir de là que, après la mort d’Archinoir, nous avons pu développer ce boulot, à partir de la nécessité sentie de passer par une analyse des rapports de production de la phase de domination réelle du capital.
Quant au texte qui suit, donc, ses avatars de non-publication (il aurait dû sor­tir dans "l’Avorton." n°2, bulletin de discussion mort-né, issu de la dissolution du groupe Noir et Rouge") recouvrent le fait qu’il n’aurait pu être vraiment saisi alors, et que c’est seulement maintenant qu’il peut l’être, à la lumière du texte " le prolé­tariat comme destructeur du Travail ", celui-ci de son côté étant ainsi illustré de la façon la plus évidente nous semble-t-il.
Il prend tout son sens maintenant pour deux raisons :

  • 1)- Le mouvement pratique qu’il décrit s’est accéléré et étendu
  • 2) - La conscience qu’on peut en avoir commence à se faire plus opérante.

    Nous sommes en 1972.


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