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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Pourquoi tant de mensonges ?
Tract du groupe-revue {Le Mouvement Communiste}
Article mis en ligne le 26 juillet 2013
dernière modification le 18 novembre 2013

par ArchivesAutonomies

La municipalité "communiste" de Drancy a cru devoir diffuser massivement une déclaration "pour un logement décent des travailleurs émigrés".

Il est impossible de se taire en face d’une telle quantité de mensonges, de raisonnements racistes et nationalistes contenue dans ce texte, perfidement mêlée aux bons sentiments et aux grandes déclarations creuses.
HIER 
Selon la municipalité "communiste" de Drancy : "les élus communistes qui se sont toujours trouvés aux premiers rangs contre les guerres de rapine colonialistes, en Indochine, puis en Algérie (faut-il rappeler les neufs morts de Charonne) … n’ont de leçons à recevoir de ces aventuriers".
LES FAITS
En 1924, Manouilsky, représentant de l’Internationale Communiste interpelle le parti français :
"Il y a actuellement en France 800 000 indigènes. Je demande ce que vous avez fait pour les organiser, pour former parmi eux des cadres d’agitateurs révolutionnaires pour les colonies…
Aux dernières élections sur sept candidats désignés pour les colonies il n’y avait pas un seul indigène. Pourquoi n’avez-vous pu trouver comme candidats que des représentants de la race dominante ?"
Le P."C."F. mènera effectivement une campagne anti-colonialiste, principalement illustrée par Doriot, mais à partir de 1935 (pacte Staline-Laval), il sera entièrement solidaire de la répression colonialiste.
1936 : engagé dans le Front Populaire, le parti "communiste" français ferme les yeux sur la répression des grèves et les fusillades principalement en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine, qui font des dizaines de morts et des milliers de condamnés.
NOVEMBRE 1936
"Il est faux de dire que le parti communiste français se soit associé aux agitations d’un nationalisme marocain, incité et trompé par le fascisme, et qui, par le désordre qu’il pouvait faire naître, mettrait la sécurité de la France en péril" (1ère affiche du P."C."F. au Maroc).
12 FÉVRIER 1937, l’Humanité se réjouit de la dissolution de l’Etoile nord-africaine par décret du Front Populaire en janvier 1937. L’Etoile nord-africaine était un des très rares journaux révolutionnaires nord-africain.
18 FÉVRIER 1939
"Quiconque va là-bas pour diviser fait une vilaine besogne, un crime contre l’Algérie et contre la France…" (Thorez, l’Humanité du 18/02/1939).
ALGÉRIE MAI 1945
Les "communistes" sont au pouvoir. Les anciens combattants arabes de la guerre 39-45 organisent une manifestation nationaliste : elle est réprimée au canon de marine. Les troubles s’étendent à Bougie, Guelma, et à toute l’Algérie. La répression fait plusieurs dizaines de milliers de victimes : l’aviation intervient (ministre de l’aviation : Charles Tillon).
Pendant toute la guerre d’Algérie, les "pieds-noirs" les plus extrémistes ne cesseront de penser à 1945 avec nostalgie (Ah ! si on avait fait comme à Sétif…).
12 MAI 1945, l’Humanité dénonce :
"Le rôle de quelques éléments provocateurs au sein de la population algérienne".
17 MAI 1945
"Il faut tout de suite châtier rapidement et impitoyablement les organisateurs de troubles, passer par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigés l’émeute" (La Liberté, organe du P."C."F. en Algérie).
INDOCHINE
"L’Indochine trahie par Vichy sera défendue avec fermeté par le peuple de France !
Le peuple de France entend que l’Indochine, comme tous les territoires d’outre-mer, revienne en entier et sans hypothèque dans la communauté fédérative de la grande France…" (l’Humanité, 30 août 1944).
Le corps expéditionnaire français, destiné à reconquérir l’Indochine après l’effondrement japonais, et contre les patriotes indochinois, a été formé dès fin 1944 début 1945, alors que les communistes étaient au pouvoir. La réoccupation par la France d’un Viêt-Nam formellement indépendant a été imposé à Ho-Chi-Minh. La répression et les provocations françaises se multiplient pendant l’année 1946. Le P."C."F. ne dit rien.
La vraie guerre commence en novembre 1946 par le bombardement d’Haiphong par les français et de terribles massacres.
Décembre 1946, insurrection à Hanoi écrasée par l’armée française. Les ministres communistes sont toujours au gouvernement. Jusqu’à son éviction (mai 1947), le P."C."F. ne s’oppose pas à l’effort de guerre français… mais proteste à l’Assemble nationale.
De toute façon, quand ils protestent, il ne s’agit pas d’aider les colonisés dans leur lutte, "il s’agit de sauver le patrimoine de l’Union Française et de sauver des vies humaines" (Duclos, 19 mars 1947).
Le 20 mars 1947, les communistes ne votent même pas contre les crédits militaires pour l’Indochine… les députés s’abstiennent, les ministres votent pour par un artifice de procédure.
1956, deux ans après le début de la guerre d’Algérie :
"Une autre vie est possible, ou mieux, encore possible, pour les peuples d’Afrique du Nord, la voie de l’Union Française" (Cahiers du Communisme, 1956).
La politique du P."C."F. pendant la guerre d’Algérie est mieux connue. Soutien à Guy Mollet, vote des pouvoirs spéciaux, désaveux des déserteurs, des insoumis, etc. Si le P."C."F. a participé à la manifestation de la Bastille qui a aboutit aux morts de Charonne, c’est à la traîne du mouvement contre la guerre, et après de nombreuses manifestations qu’il avait désavouées (27/10/1960 entre autre).
S’il y a eu neuf morts à Charonne, c’est aussi parce que face à la charge des flics, le service d’ordre du P."C."F. n’a su que crier dispersion, organisant la panique face aux flics et que la panique a provoqué le piétinement et l’étouffement des manifestants dans la bouche de métro.
Face aux soulèvements dans les colonies, le P."C."F. a opté, soit pour la répression pure et simple, soit pour l’étouffement par la conciliation et la négociation. Il défend toujours "les intérêts de la France". Il habille toujours sa politique sordide de grandes déclarations démocratiques, humanistes, etc.
AUJOURD’HUI
Le P."C."F. continue ses belles déclarations humanistes, démocratiques et même "socialistes". Il prétend lutter pour l’unité des travailleurs français et étrangers contre le patron et l’Etat, mais il demande un statut des immigrés, ce qui légaliserait leur place à part, au lieu de réclamer l’égalité totale dans tous les domaines.
Le P."C."F. dénonce "cette politique d’immigration destinée à fournir de la main d’œuvre à bon marché en vue d’accroître leurs profits et de faire pression sur les salaires de tous les travailleurs".
Mais si les étrangers viennent en France vendre leur force de travail, c’est parce qu’ils ne peuvent pas la vendre dans leur pays à cause du développement impérialiste de l’économie. Défendre les salaires en limitant l’immigration, c’est assurer des salaires corrects aux uns parce qu’ils sont français, et condamner les autres à crever de faim.
Mieux, le P."C."F. rejoint pratiquement l’extrême-droite et Minute quand il prétend :
"Exiger des pays pour qui l’exportation de main d’œuvre est source de devises, une participation effective au financement du logement de leurs ressortissants"(Déclaration de la municipalité de Drancy).
Autrement dit, le P."C."F. admet que le salaire des immigrés ne leur permette même pas de subvenir à la totalité de leurs besoins, à leur logement correct en particulier. Et d’après lui, ce n’est pas aux capitalistes français qui les exploitent de payer, c’est à leur pays d’origine. Que les gouvernements des pays pauvres se comportent comme de modernes négriers est évident, ce sont d’ailleurs des fantoches du capitalisme mondial, même quand ils se prétendent socialistes et s’appuient sur l’URSS ; mais exiger d’eux de subvenir partiellement à l’entretien de la force de travail exploitée par le capital des pays riches, c’est exiger un transfert supplémentaire de valeur de pays déjà soumis au pillage.
Débarrassé de ses belles phrases humanistes, la politique pratique du P."C."F. est une politique super-impérialiste.
Mais écoutons encore une fois les élus "communistes" :
"A l’heure où des centaines de milliers de familles françaises attendent un logement, le financement du relogement des travailleurs immigrés ne peut et ne doit en aucun cas être à la charge du budget communal".
En clair : les familles françaises passent avant les autres (parce qu’elles votent et parce que le P."C."F. doit distribuer les miettes du capital pour garder son pouvoir).
Certes le P."C."F. rejette la responsabilité de cette situation sur le "grand patronat qui réalise d’énormes profits en exploitant les immigrés", mais en attendant il fait de la discrimination entre les français et les immigrés, donnant une priorité aux uns sur les autres.
Le cercle est bouclé. Chacun joue son rôle : l’Etat, le capital français, les pays exportateurs de main-d’œuvre, mais aussi le P."C."F., gestionnaire d’un certain nombre de mairies où il prolonge la même politique raciste et nationaliste.
D’un côté le P."C."F. applique dans les municipalités qu’il gère (comme dans de nombreuses entreprises qu’il possède) la logique de la marchandise qui règne dans toute la société ; n’est-il pas responsable du "budget communal", ne se présente-t-il pas en bon gestionnaire (du capital communal) ?
De l’autre côté il renforce par son attitude pratique la division entre travailleurs français et immigrés.
D’ailleurs l’attitude du P."C."F. est parfaitement claire. Dans son programme de gouvernement il déclare explicitement que l’immigration devrait être contingenté en fonction des besoins de l’économie française (et non en fonction des besoins du prolétariat immigré ou du prolétariat mondial).
Quant à la municipalité de Drancy, elle applique à son échelle la politique d’un parti candidat à la gestion du capitalisme français. Elle refuse la construction d’un nouveau foyer, parce que les immigrés ne votent et ne sont pas utiles à sa stratégie électoraliste, et aussi parce que les immigrés échappent de plus en plus à son contrôle. Elle réclame une occupation normale ce qui signifie : expulsion des immigrés en surnombre. Elle s’indigne des conditions de vie scandaleuse des immigrés parce que la lutte des immigrés a posé le problème ; d’ailleurs Chaban-Delmas et Pompidou aussi dénoncent ces conditions inacceptables.
DEMAIN
Le P."C."F. est au service du capital. Il dénonce le patronat et les monopoles parce qu’il veut prendre leur place et gérer à leur place le capital "nationalisé". Il n’a d’audience que par les privilèges - bien maigres d’ailleurs - qu’il continue à donner aux uns par rapport aux autres. Il aide à enchaîner encore plus les travailleurs d’origine française à la société française.
Sa clientèle et son pouvoir s’effondre lorsque le capital sera forcé de rogner tout ou partie des avantages acquis.
Le Parti "Communiste" Français est l’ennemi des salariés français comme des salariés immigrés. Des deux côtés, on commence à le comprendre et à l’affronter pratiquement.
Le P."C."F. est contre-révolutionnaire, la révolution prolétarienne le détruira !
VIVE LE COMMUNISME !
POUR L’ABOLITION DU SALARIAT !

Des Aventuriers