par ArchivesAutonomies
Des étudiants de Paris ont constitué des "Groupes d’Union contre la guerre d’Algérie". Trois de ces groupes existeraient déjà qui par des tracts essaient d’appeler à préparer des manifestations de masse et des grèves.
D’autres militants de groupe d’avant-garde essaient de créer en partant de cet exemple des "groupes d’action" pour propager les mots d’ordre "solidarité avec la révolution algérienne", "indépendance inconditionnelle" avec le même objectif : préparer la grève contre la guerre.
On comprend la révolte des étudiants, des camarades que six années de guerre coloniale, d’une guerre qui se poursuit, amènent à penser : qu’avons nous fait, que pouvons nous faire pour la faire cesser ? D’où l’idée d’agir pour entraîner les travailleurs à "faire quelque chose".
Les travailleurs évidemment "ne font rien", mais ils en ont aussi assez de cette guerre. Lorsque l’on parle de l’Algérie, à l’occasion du référendum, la position la plus courante est une position de "bon sens" : "De Gaulle, ça vaut quand même mieux que les personnages qui s’agitent à Alger". "Ce ne sont tout de même pas les communistes qui pourraient faire quelque chose". La plupart paraissent même persuadés qu’une intervention directe de leur part, dans la situation présente, ne ferait qu’accroître la confusion et ne faciliterait nullement la paix en Algérie.
Dans ces conditions, "agir contre la guerre", "préparer la grève" sont des mots d’ordre qui, dans les entreprises, risquent de manquer totalement de réalisme. Ce qui ne vaut nullement dire que si les événements se modifiaient, les travailleurs ne soient pas amenés rapidement à intervenir.
Tous nous pensons qu’il est nécessaire de faire quelque chose sur la guerre d’Algérie, mais comme nous l’écrit un camarade : "cela est très difficile". Tout le travail d’explications, d’informations qu’il aurait fallu faire depuis six ans, ou il n’a pas été fait, ou il a été fait par d’autres. Tous les tracts enflammés appelant à telle ou telle action que nous pourrions diffuser aujourd’hui, ne changeraient rien à la conscience que les travailleurs peuvent avoir du rôle qu’ils peuvent jouer dans les événements.
Ce n’est pas l’adhésion à des mots d’ordre ou des "groupes d’action" qui doivent déterminer cette action. Au contraire ce sont les initiatives des travailleurs dans les entreprises, leur participation active à des mouvements comme celui du 27 octobre, maintenant ou plus tard, qui permettront d’établir le sens de cette lutte, de la coordonner et d’agir réellement comme le veulent les travailleurs.