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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Fascisme et lutte de classe
Lutte de classe – Janvier 1961
Article mis en ligne le 2 mai 2022
dernière modification le 1er mai 2022

par ArchivesAutonomies

Le dimanche 12 décembre les masses sont descendues dans les rues des villes algériennes. Les manifestations de masse auront un grand nombre de conséquences, mais c’est d’un aspect particulier du problème dont nous voulons parler ici : la réponse concrète apportée par les algériens à la lutte contre le fascisme.

Les faits :

Dès le début du voyage de De Gaulle, les algériens entrent en effervescence et crient "Algérie algérienne". La presse à gages, tous les plumitifs du gouvernement veulent nous faire croire que les algériens sont massivement gaullistes. Comme si pour des travailleurs qui méprisent les "subtilités" du langage constitutionnel "Aly Aly" pouvait signifier autre chose qu’indépendance.

Dès le samedi 10, les manifestations deviennent plus violentes et la presse commence à avouer qu’on entend le cri "indépendance".

Le dimanche 12 enfin toute équivoque est levée, les algériens se heurtent aux ultras en chantant l’hymne des maquis et en brandissant le drapeau vert et blanc. Une partie de l’armée tire.

Les conséquences :

La façon dont la lutte a été menée est claire. Face aux démonstrations fascistes des ultras, ls algériens n’ont pas supplié la police et le gouvernement français de les sauver. Ils se sont sauvés eux-mêmes en attaquant les ultras avec leurs propres mots d’ordre, sous leurs propres drapeaux avec leurs propres armes.

En 24 heures leur action a permis de ruiner la politique gaulliste de 3ème force contre laquelle nos socialistes, communistes et autres gauchisants se demandaient s’ils devaient lutter et comment.

Il ne reste au gouvernement et à son appareil militaire que deux voies : ou une répression totale ou reconnaître l’indépendance.

La leçon à tirer :

En métropole, les partis "de gauche" sont toujours prêts à toutes les capitulations au nom de la lutte anti-fasciste. Ils amplifient le danger fasciste, puis en prennent prétexte pour renoncer à la lutte de classe. Pour ne remonter qu’à l’origine de la 5ème république, on se souvient qu’en mai 1958, le PCF s’est rangé derrière Pflimlin pour sauver la république bourgeoise et est même allé jusqu’à voter un hommage aux morts de l’armée française.

On se souvient qu’en janvier 1960 il a suffi que quelques clowns algérois s’agitent pour que tous les syndicats (CGT, CFTC, FO) organisent le 30 janvier une grève qui les a mis à la remorque de De Gaulle.

Face à cette attitude de trahison les algériens nous montrent la voie. Ce n’est pas en s’alignant derrière un gouvernement bourgeois que l’on combat le fascisme avec efficacité. On doit le combattre sous notre propre drapeau, avec nos propres mots d’ordre, sans espérer aucun salut de l’Etat et de son appareil militaire et policier.

Ce sera un des grands mérites des travailleurs algériens d’avoir rappelé aux travailleurs français le vieux mot d’ordre : "Prolétaires, sauvons-nous nous-mêmes".