Bandeau
Fragments d’Histoire de la gauche radicale
Slogan du site
Descriptif du site
Hommage à Henri Simon - Période Socialisme ou Barbarie
Article mis en ligne le 14 janvier 2025
dernière modification le 11 février 2025

par ArchivesAutonomies

Quelques documents ont été ajouté dans la rubrique Socialisme ou Barbarie, dont une partie provient des archives d’Henri. Il y a surtout le contenu d’une chemise consacrée aux grèves de l’été 1955 qui contient des comptes rendus de réunions de SouB, à propos de ces grèves, sous forme de notes manuscrites d’Henri. Puis il y a le tapuscrit/manuscrit de l’article signé J. Simon Les grèves de l’été 1955, paru dans Socialisme ou Barbarie n° 18, janvier-mars 1956. C’est une découverte tardive, Henri aurait aimé mettre la main dessus, croyant qu’elle était perdue. Plusieurs fois il a exprimé sa déception de ne plus avoir ce document, car il montre que son article tel qu’il a paru a été "censuré" (pour reprendre ses mots) par Chaulieu. Il en avait déjà fait part dans une interview donnée aux animateurs de la revue L’Anti-mythes, car il souhaitait apporter des précisions et discuter des appréciations portées par Cornélius Castoriadis à son sujet [1]. Dans l’entretien d’Henri, publié dans le n° 6 de L’Anti-Mythe et intitulé De la scission avec Socialisme ou Barbarie à la rupture avec ICO, il revient dans l’extrait suivant sur un aspect du fonctionnement de Socialisme ou Barbarie :

"On restait à SouB, même si les discussions révélaient des désaccords profonds. On tolérait certaines pratiques, remballant sa rancœur après quelque coup de gueule. Je me souviens de discussions qu’il y avait eu à propos du texte sur le Contenu du socialisme. Peut-on d’ailleurs appeler ça des discussions, parce que Castoriadis était très autoritaire de par sa personnalité et dès que la contradiction avait tendance à le gêner, ça explosait. Il y avait au sein du groupe un type de rapport qui n’étaient pas très agréables. Quand il amenait un texte, on le discutait, il y avait quelques aménagements et il était publié comme ça. Je me souviens aussi de certaines pratiques qu’on avait assez mal encaissées : avec les copains dont je parlais tout à l’heure, on avait fait un article sur les grèves de 55 à Nantes. On avait mis une conclusion à l’article [2] et on l’avait donné pour être publié. Quand on l’a vu publié dans la revue, toute la conclusion avait été transformée, des mots changés, des temps de verbe changés... Bref, ça changeait l’orientation du truc. Parce que l’on ne lui donnait pas un tour assez triomphaliste, Castoriadis avait modifié l’article sans nous en avertir, sans qu’il y ait eu une discussion dans le groupe."

Dans un autre entretien (inédit) Henri Simon précise : "… la conclusion de l’article dégageait les tendances autonomes de la lutte et ça n’avait pas plu à Castoriadis parce qu’il avait dans l’idée de l’intervention du parti. Il avait caviardé le texte, supprimer la conclusion, changer les temps que je mettais, j’ai gardé l’exemplaire de ce numéro 18 où était annoté tous les passages que Castoriadis avait modifié mais pas la version originale".

Ce fut un moment de sa vie qui l’a marqué fortement au point où en l’évoquant, l’on pouvait sentir que c’était une blessure toujours ouverte. A cela nous adjoignons le numéro personnel d’Henri Simon qu’il avait annoté. Il suffit aux lecteurs de voir dans quelle mesure le jugement d’Henri Simon fut pertinent ou non, en tout cas cette blessure était bien réelle, palpable, bien qu’il précise dans l’entretien à la revue L’Anti-mythes qu’il a "tendance à ne pas être objectif" en parlant du passé de SouB.

Ces documents se trouvent dans "Documents divers-Socialisme ou Barbarie".


Suite de l’hommage à Henri Simon : période ILO-ICO