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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Tendances et contradictions de l’évolution capitaliste
Octobre N°2 - Mars 1938
Article mis en ligne le 8 mars 2025

par ArchivesAutonomies

Aucune analyse sérieuse, aucune clarté, aucun pas en avant ne sont possibles en dehors d’une révision radicale des critères qui ont encore cours dans le mouvement ouvrier. Lorsqu’il s’agit de comprendre la nature historique de l’évolution actuelle des situations, le cliché légué par la respectable "tradition" devient souvent une forme de "trahison" des intérêts de la classe ouvrière.

De quoi s’agit-il plus précisément ? De dégager l’opposition entre la guerre et la révolution, la bourgeoisie et le prolétariat ; mais de la dégager non abstraitement, avec une formule passe-partout, sinon d’un cours nouveau de situations, propre à la phase extrême de la décadence capitaliste, où le climat historique reste en permanence chargé d’électricité et où la bourgeoisie ne peut plus vivre sans maintenir un état de guerre, alors que le prolétariat ne peut pas être sans poser le problème de la révolution.

Tous les groupes et courants qui ne se rattachent pas à l’évolution de la réalité sociale sont inévitablement portés à transférer, dans le domaine futur, leurs appréciations politiques. Objectivement, leur fonction est de paralyser le prolétariat dans le présent immédiat et de lui faire accepter les solutions capitalistes avec la réserve d’un "demain" qui ne verra jamais le jour. Pour eux, tout s’explique parce que nous allons vers la guerre mondiale. Y a-t-il une complication en Espagne ? Attention : la conflagration mondiale s’y joue ! Des difficultés apparaissent-elles en Italie, en Allemagne ? C’est la guerre qui avance ! Et de savantes explications nous font comprendre que des blocs impérialistes se constituent et que les démocraties sont portées à faire des concessions aux fascismes, sûres persuadées que l’Angleterre et la France ne seront prêtes pour la guerre.

Il va de soi que la conclusion de ce galimatias sera de "freiner" la course vers la guerre en appuyant les démocraties, ou d’appuyer les républicains en Espagne pour empêcher le fascisme de s’installer dans la péninsule ibérique et jeter l’Europe dans la guerre mondiale. Demain, bien sûr, tous lutteront pour la révolution ; demain, oui, mais aujourd’hui il faut éviter le pire et marcher avec le "bon" capitaliste contre le "mauvais". Et estimons-nous heureux si la défense de l’U. R. S. S., "bastion de la paix (?)", ne nous est pas servie par centristes et socialistes pour obtenir, sous une forme ou une autre, l’adhésion des ouvriers au "présent" capitaliste.

Les critères que nous voudrions détruire, parce qu’ils sont un aspect dépassé de l’évolution historique, sont ceux qui attendent de la formation de constellations impérialistes un choc qui, de la guerre mondiale, fera surgir la révolution. La guerre d’Espagne qui, selon nos antifascistes d’extrême-gauche, aurait conduit, par des victoires sur Franco, au triomphe progressif de la révolution, a seulement accouché de montagnes de cadavres et d’une répression féroce du gouvernement républicain contre les travailleurs. D’autre part, tous les États capitalistes et la Russie ont participé de concert à cette hécatombe en maintenant leurs contrastes réciproques sur un front de solidarité de classe, qui les a vu agir tous, indistinctement, pour établir l’Union Sacrée, la répression et l’étranglement des mouvements ouvriers dans les pays démocratiques ; le renforcement de la terreur idéologique et physique dans les pays fascistes et en Union Soviétique.

Faut-il en déduire que les États capitalistes ne s’opposent plus entre eux ? Les intérêts contrastants des différentes bourgeoisies ne tiennent-ils pas à la structure nationale de leurs économies, aux nécessités de leur développement ? Mais qui actionne le mécanisme qui provoque une friction entre un État et un autre ? La conception de l’économie qui tient sa raison d’être du contraste entre rapports de production et forces de production : entre bourgeoisie et prolétariat ! Ou s’agit-il d’un aspect d’une loi du système capitaliste, laquelle, au sein de chaque État, oppose l’individualité économique à l’autre, le petit entreprise à la grande, le trust au trust, etc...?

Nous pensons que l’expérience d’après guerre prouve que si le capitalisme ne peut pas supprimer les contrastes de son système et son évolution continuellement antagonique, il peut parfaitement surmonter toutes leurs manifestations. Mais à une condition : en mâtant le prolétariat, qui est la classe qui peut seule donner aux contradictions du système une portée révolutionnaire. La tendance universelle vers l’autarchie et ses formes extrêmes, d’Italie, d’Allemagne, de Russie, ne sont que des preuves que le capitalisme mondial peut trouver une solution aux contrastes économiques particuliers à sa classe sur différents secteurs, à la condition de pouvoir maîtriser mieux et plus solidement la révolte des forces de production. La violence qui aura raison du prolétariat interviendra souvent pour dompter des manifestations antagoniques surgissant au sein des classes dominantes.

Ce qui se passe au sein de chaque Etat : la centralisation extrême de la défense économique, sociale et politique de la classe capitaliste, se répercute, dans la phase de décadence capitaliste, sur le système mondial. Si, dans la phase d’ascension, une période de congestion économique tombait dans une crise qui nettoyait le terrain et permettait (au cours de la reprise) d’aller plus loin et si cette évolution s’accompagnait de guerres de conquêtes, de frictions brutales, entre impérialismes, la guerre de 1914 a marqué l’arrêt décisif de cette période. Depuis 1918, l’évolution capitaliste suit un autre chemin qui est placée entre deux pôles opposés. D’une part, Octobre 19171 ouvre la phase de la révolte permanente de la classe ouvrière dont l’objectif le plus immédiat devient la révolution ; d’autre part, chaque secteur capitaliste menacé reçoit l’aide économique de ses ennemis d’hier et la formule le capitalisme est un devient une réalité sociale de chaque jour.

C’est seulement ces dernières années, depuis le conflit italo-abyssin, que les tendances actuelles de l’évolution du capitalisme décadent ont pris figure pour les marxistes. Sans une position de classe au sujet de la guerre, pas de position juste sur les tendances de l’évolution capitaliste. La défense des exploités abyssins et italiens devait aboutir à une vision de la réalité exigeant une explication de l’attitude de l’Angleterre, de la France, de tous les pays capitalistes. De même, la guerre d’Espagne et puis celle de Chine. Nos positions de classe demandaient une explication de classe de l’évolution capitaliste dans le monde.

Les tendances qui se dégageaient se clarifiaient tous les jours —et se clarifient encore à présent—. La guerre se "localisait", mais tous les pays l’exprimaient dans leur production économique et leurs rapports sociaux. Tous les Etats faisaient la chaîne autour de l’Espagne pour y déverser qui des hommes et du matériel militaire, qui des capitaux ; fous les Etats y puisaient la force d’imposer l’Union Sacrée et l’économie de guerre...

Mais un phénomène se dégageait nettement. Le contrastes inter-impérialistes se contractaient pour se concentrer dans chaque pays. Les pays moins pris à la gorge par la tension sociale, intervenaient malgré le sacrifice apparent ou réel de leurs intérêts, pour étançonner la domination bourgeoise.

Depuis 1936, la guerre d’Espagne reste "localisée" mais tous les contrastes inter-impérialistes ont reflué vers de gigantesques programmes d’armement. Aux dires des stratèges —gens à courte vue s’il n’en fut jamais— l’Angleterre n’est pas prête, ni la France, ni l’Amérique. Seules l’Italie et l’Allemagne le sont. Très bizarre, en effet, mais beaucoup moins quand on sait que les "stratèges" sont des socialo-centristes qui voudraient un élargissement de la guerre antifasciste.

Un raisonnement simple serait le suivant : pourquoi surarmer sinon pour une guerre qui se rapproche chaque jour ? Mais sans les programmes de surarmement, comment pourrait-on, aujourd’hui, faire fonctionner la vie économique de chaque pays ? Une question trouve donc réponse dans l’autre. Tous les contrastes inter-impérialistes sont actionnés par la pression insupprimable qu’exerce la révolte des forces productives. L’Italie, l’Allemagne, représentent les pointes avancées de la riposte capitaliste à la menace prolétarienne et c’est pourquoi aussi nous les retrouverons à la pointé des contrastes inter-Etats. Leurs partenaires démocratiques, loin de profiter de la faiblesse ou de la dépendance économique de l’Italie, de l’Allemagne, du Japon, fournissent plutôt matières premières et capitaux. Ce qui fait que, d’une part, ils permettent le développement des armements des puissances qui menacent leurs intérêts, et, d’autre part, mènent campagne pour justifier l’adoption de leurs colossaux budgets de guerre.

Paradoxe ou réalité ? Paradoxe pour ceux qui espèrent aboutir à une conflagration mondiale ; réalité pour ceux qui comprennent la· solidarité inter-capitaliste contre la menace prolétarienne.

Tous les pays vivent donc de la production de guerre, bien que la guerre sévisse seulement en Espagne et en Chine. Tous les pays sont solidaires pour amortir leurs oppositions réciproques, en étançonnant les secteurs les plus menacés. Chaque contraste inter-impérialiste signifie nouveaux crédits pour l’industrie de guerre dans tous les pays lorsqu’il n’est pas acheminé directement vers l’approfondissement de la guerre en Espagne ou en Chine.

Verrons-nous, au terme de ce processus de guerres "localisées" et de production de guerre, tout le système capitaliste culbuter dans un règlement de compte général, ou ce processus est-il appelé à survivre jusqu’à la prochaine conflagration des classes ? Le capitalisme ne "choisit" pas entre l’un ou l’autre. Il emprunte le chemin de ses intérêts de classe, aujourd’hui localisation de la guerre et production de guerre. Ce sont ses propres contradictions et le mécanisme de la lutte entre les classes qui trancheront le problème du futur. Dans la situation présente gisent des contradictions profondes. Ce sont celles-là même que les derniers événements internationaux font apparaître, et si nous avons examiné les tendances qui nous apparaissent dans la situation actuelle, c’est pour mieux pouvoir les analyser.

* * * * *

Par deux coups de théâtre, l’Allemagne passe au premier plan de l’actualité politique : les événements du 4 février et les entretiens de Berchtesgaben, où le problème autrichien reçoit une première solution.

Au point de vue international, l’Angleterre donne le signal d’une adaptation à une situation de fait et immédiatement dans les pays démocratiques des tendances très solides lui emboîtent le pas : Chamberlain proclame que sa politique préservera peut-être la paix pour une génération, mais Eden acquiert, une vaste popularité parmi les masses mobilisées par les Trades Union contre les "agresseurs fascistes" auxquels on fait de graves concessions. Spaak entraîne le Parti Ouvrier Belge dans cette direction et, en France, soyons-en sûrs, le Front Populaire s’y adaptera.

Examinons de plus près la nature des faits qui nous occupent. Depuis 1936, nous le répétons, la guerre d’Espagne permet aux différentes économies de travailler sur un pied de guerre. L’Allemagne, comme l’Italie, n’avait qu’à faire fonctionner à plein rendement une machine parfaitement montée et huilée. Mais cette évolution mondiale s’accompagnait de deux tendances. L’Italie décongestionnait, par moment, sa situation en intervenant avec force, sans égard pour les intérêts de ses collègues du comité de non-intervention. L’Allemagne réagissait, avec une brutalité inouïe, aux soi-disant bombardements de sa flotte. Chaque fois il semblait qu’on allait vers la catastrophe et chaque fois nouveau compromis accompagné d’une nouvelle campagne démocratique pour intensifier les armements. Et le Japon que n’a-t-il fait en Chine sans provoquer autre chose que des notes anglaises et américaines ?

Mais, depuis novembre 1937, la situation économique de toutes les économies de guerre a baissé. Encombrement du marché de la guerre ? Stabilisation des fronts en Espagne ? Les Etats-Unis ont pensé réagir en mettant debout un programme colossal de surarmement le prétexte est évidemment le contraste avec le Japon illustré par le torpillage du "Panay".

L’Allemagne et l’Italie, dans cette conjoncture, voyaient leur situation s’aggraver et, plus que jamais, devaient recourir aux capitaux étrangers et aux manifestations intérieures et extérieures pour diluer ou prévenir des explosions d’ouvriers surchauffés depuis la guerre espagnole. Les événements du 4 février sont le paravent théâtral jeté sur toute cette situation et le commandement unique réalisé au point de vue des forces militaires aurait pu, nous le concédons volontiers, s’opérer pacifiquement comme en France ou ailleurs, n’étaient-ce les circonstances du moment [1]. Il fallait préparer les entretiens de Berchesgaben dans un cliquetis d’épées et un bruit de bottes, afin de donner aux ouvriers allemands l’impression de grands événements d’où se dégage la puissance du fascisme. La situation de l’Allemagne est tragique pour le prolétariat, comme en Italie et en Russie. Les difficultés économiques sont d’envergure. Mais nous ne nous faisons pas d’illusions sur une explosion révolutionnaire en perspective en vertu de cela. Les ouvriers allemands ont leurs salaires de 1932 (connus sous le nom symbolique de "salaires de famine") dépréciés de près de 40 p.c. L’économie allemande est maintenue dans l’étau des offices de contrôle, du rationnement et le moindre de ses mouvements est dominé avec force. Comme l’a très bien dit l’ancien ministre de l’Economie, Schacht, "l’organisation de l’économie permet de faire l’économie d’une dévaluation", ce qui, en langage courant, signifie qu’aucune soupape de sûreté n’existe sur le terrain des manœuvres économiques. Le contraste entre la production de guerre et d’ersatz et la production alimentaire atteint des proportions gigantesques à tel point que Schacht dut donner de l’air en juin 1937 et, grâce aux importations, provoquer une détente alimentaire. L’Allemagne dépend en tout de l’étranger : 40 à 60 p.c. des matières premières lui font défaut ; 25 à 30 p.c. de produits alimentaire sont importés et, dans l’ensemble, sur une occupation de 72 p. c. de sa main d’œuvre totale, le Reich exporte 6 à 8 p.c. de son degré d’occupation.

Comment vit l’Allemagne ? Sur un pied de guerre, c’est évident et de même qu’après l’armistice ce sont les capitaux anglais, français, américains qui alimentèrent son économie, aujourd’hui sa production de guerre est alimentée par les· autres pays. Abandonnée au régime exclusif des Clearings, l’Allemagne manquerait d’air, tout comme l’Italie. Ces pays ne peuvent dépasser le taux d’exploitation du prolétariat auquel ils ont abouti, taux qui marque l’abominable calvaire des ouvriers de ces pays et que la Russie, selon le principe Stakhanoviste, tente de dépasser.

La guerre mondiale doit-elle résulter des coups de tête de pays aux prises avec une telle situation ? Là gît le problème. L’Italie a prouvé qu’on peut faire la guerre et la liquider sans mouvement révolutionnaire, à la condition d’éviter les heurts entre impérialismes sur les points névralgiques. L’Angleterre l’a compris et sa Home Fleet se retira de la Méditerranée. L’Espagne est une preuve un peu différente de ce problème. L’Allemagne, l’Italie, la Russie sont intervenues ouvertement sans que le conflit armé devienne mondial.

Et, à son tour, Hitler a fait l’expérience. A Berchesgaben, le chancelier Schusschuig a accepté de nommer ministre de l’Intérieur un nazi et des menaces furent faites, très certainement au nez des puissances, en cas de non-observance de cet Anschluss miniature. Schusschuig a fait un discours en réponse à celui de Hitler où l’énergie du ton fut en fonction de la situation intérieure. Le "jusqu’ici et pas plus loin" fut un avertissement aux ouvriers autrichiens à se tenir tranquilles.

La réponse aux coups de clairon de Hitler et aux entretiens de Berchesgaben fut, comme on sait, la démission de Eden. Nous voici au nœud du problème. Aux contrastes qui l’opposent à l’Allemagne et à l’Italie, l’Angleterre répond par une politique de concessions extrêmes et des avances financières. En contre-partie, elle demande une aide italo-allemande pour tenter de liquider ou de circonscrire le conflit espagnol de façon à ce qu’il se liquide par lui-même. Parallèlement, tous ces soubresauts font monter d’un degré les budgets de guerre.

Il y a l’exemple de l’Ethiopie, rappelons-le, où l’Italie parvint, sans mouvement révolutionnaire, à en finir. Mais, sans les sanctions, y serait-elle arrivée ? Aujourd’hui, nous avons la Russie qui, dans l’évolution mondiale, joue un rôle que l’on ne saurait assez apprécier pour empêcher la lutte prolétarienne. Malheureusement pour le capitalisme, la situation actuelle ne se liquide pas par la démission d’un ministre et des discours. L’Allemagne et l’Italie obtiennent un répit pour mieux sauter dans une tension économique et sociale, alors que les interventions "démocratiques" reculent l’échéance. Chamberlain a parlé, d’une génération. Cela n’est qu’une vantardise que les remous en Angleterre démentent. Eden est devenu le représentant d’un fort courant à substance Front Populaire ralliant travaillistes et une partie des conservateurs.

Ici aussi, deux courants opposés apparaissent et dès que celui de Chamberlain aura épuisé les possibilités de manœuvres de la situation mondiale, l’autre aura préparé son terrain, comme en 1935 en France avec Laval cédant sa place, après la guerre d’Abyssinie, au Front Populaire.

Au point de vue international, la masse des armements pèse sur tous les pays et intervient dans tous les débats. Sans eux, c’est l’extorsion brutale d’une crise et de mouvements ouvriers. Mais, avec eux, c’est une situation permanente de guerre, une congestion lente des économies et des menaces d’embrasement de nouveaux secteurs ; c’est l’Union Sacrée de la guerre avec sa mobilisation effrénée des socialo-centristes.

D’un autre côté, la solidarité inter-impérialiste est devenue une loi de l’évolution capitaliste et tend à limiter les foyers de guerre pour tenter de les liquider sans danger révolutionnaire. Si, en Espagne, on terminait la guerre, ces deux années de répression capitaliste, les hécatombes ouvrières et la campagne de la Russie faisant de chaque groupe de révolutionnaires des agents de la police ou du fascisme, sauraient-ils empêcher des explosions de classe ?

L’Italie et l’Allemagne, après leurs coups de théâtre, se prêtent au jeu, car c’est parfaitement conforme, avec l’aide financière qu’ils escomptent. Mais leur situation intérieure est-elle assez forte ? Un arrêt de la guerre espagnole ne congestionnerait-il pas leur vie ? Le répit de Chamberlain ne sera-t-il que de quelques mois ? En France, en Angleterre, la bataille entre les deux courants bat son plein, mais, déjà, nous naviguons, pour le moment, dans une nouvelle politique capitaliste.

Pour le prolétariat, cette situation internationale est grosse de dangers. Chaque répit que le capitalisme obtient est un recul des mouvements révolutionnaires, car si les contradictions de classe se polarisent et se concentrent davantage, la répression et les procès de la Russie jettent d’autant plus le désarroi parmi les ouvriers avancés. Si le capitalisme arrivait à liquider la guerre espagnole sans explosion révolutionnaire, l’échec du prolétariat serait terrible, bien que la guerre se rallumerait sur un, autre secteur et déterminerait inévitablement le réveil ouvrier. Les fractions de gauche se doivent de tenir compte de toutes les éventualités et d’être prêtes à y faire face avec courage et clairvoyance.