Tout le monde sait que l’État ment
Comme critique parcellaire de la société marchande le terrorisme n’a eu qu’un mérite : la défaite de Baader est en fait son ultime victoire, car l’État moderne, face à une violence qui perturbe son statu quo social, est contraint de devenir visiblement ce qu’il était déjà essentiellement. L’apparition de formes nouvelles de répression : la mise en condition de la population par les médias, l’appel au mouchardage de masse, la coopération directe entre toutes les polices, la torture par privation sensorielle, cette modernisation de l’aliénation modernise par là même notre critique en nous contraignant à une intelligence supérieure. Les moyens mis en oeuvre contre la Fraction Armée Rouge (exécution délibérée ou auto-suppression due aux conditions de détention, c’est en dernière instance l’État qui a tué) donnent un avant-goût des moyens qui seront utilisés contre le prolétariat.
Mais dans cette société où la passion détruite se transforme en passion de détruire, la violence achevée de Baader n’est qu’un sous-produit de la violence première du pouvoir qui a toujours le dernier mot sur son propre terrain. Aujourd’hui, alors que la violence historique implique le dépassement de tout activisme, le terrorisme est en réalité le suprême avatar du militantisme. Face au terrorisme du spectacle, le spectacle du terrorisme ne fait que masquer l’enjeu réel : abolition du travail et de la marchandise, appropriation de la vie.Le vent se lève. Il faut cesser de survivre.
Affiché collé en région parisienne vers 1978-1979. (Écriture blanche sur fond noir)