Présentation [1]
Encore sur la prison, toujours sur la Justice, la police... Tant de choses ont déjà été dites que l’on a l’impression que le tour de la question a été fait, que les hauts murs sont là depuis des années, qu’ils ne bougeront pas et que finalement c’est ainsi ! Beaucoup de toute façon au mieux les ignorent, au pire demandent à ce que l’enfermement perdure un maximum.
Pourtant Otages apparaît prenant la suite d’autres journaux tel le CAP.
Son but : donner la parole aux prisonnier(e)s, que les autorités pénitentiaires, judiciaires (eh oui voyez à quoi sont réduits les droits de la défense ?!) s’obstine à vouloirs mutiler.
Leur dénonciation en soi est subversive. Pourquoi ?
Vous le verrez à travers les différents articles (mise au bout à bout de certaines réflexions de détenu(e)s).
La justice est aux mains du pouvoir d’Etat, elle écrase au travers ces différents rouages toute une partie de la révolte (qu’elle s’exprime par le vol, l’homicide...) suscitée par les conditions de vie économiques et sociales que nous vivons, elle la mate par la prison !
La prison, si ce n’était que l’enfermement et donc l’isolement ce serait déjà bien difficile à vivre, mais pour peaufiner son rôle d’élimination des individus "récalcitrants", elle use et abuse de l’arbitraire, des brimades, des humiliations.
Elle brise et tente de détruire !
Ceux qui veulent se redresser, ceux qui veulent préserver leur identité — soit d’être humain, pensant, agissant, responsable, soit politique — doivent pouvoir trouver à l’extérieur les appuis nécessaires à leur combat, l’oxygène de l’information, des luttes partagées.
Nous essayons d’y contribuer.
Dans notre bulletin précédent nous disions que nous ne voulons pas faire du sensationnel avec la vie en taule, encore mois chercher à la banaliser.
Nous ne cherchons pas un statut social de négociateurs/ collaborateurs pour une vie plus rose et aseptisée en prison.
Nous ne sommes pas des spécialistes en mal d’études, nous voulons simplement être un OUTIL aux mains des détenu(e)s.
Otages veut être leur MOYEN D’EXPRESSION :
- pour expliquer leur juste révolte,
- pour faire aboutir leurs légitimes revendications,
- pour dénoncer les brimades qu’ils subissent au quotidien,
- et enfin pour que leur lutte trouve un écho.
Concrètement nous avançons dans ces tâches peu spectaculaires mais nécessaires pour que demain le ministère ne fasse plus impunément légiférer sur des mesures d’emprisonnement toujours plus lourdes encore pour les non-nantis, pour que demain les murs de l’isolement et de l’inhumain s’effritent.
L’heure n’est pas encore à la lutte dans les prisons mais à la RÉSISTANCE.
Pour que VIVENT À JAMAIS CES MOTS :
NOTRE VOLONTÉ DE NE PAS CREVER, DE NE PAS NOUS LAISSER BRISER EST NOTRE VOLONTÉ DE RENDRE L’IMPOSSIBLE POSSIBLE.
Ulrike Meinhof
- Fiche technique du Bianco
[1] Reprise de l’édito du numéro 1 d’Otages