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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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1.0.4 La Question sociale (2004-2006)

Présentation

La courte aventure de La Question sociale

A l’origine, c’est la triste expérience des Temps maudits, revue de la CNT, dont GC a été de fait expulsé en 2003 et que MC a alors quittée par solidarité, qui a poussé GC à envisager la création d’une nouvelle revue, libérée de la tutelle exercée de fait par les inconditionnels de la chapelle CNT.

MC et NT se rallient d’emblée à l’idée. A trois, nous commençons à envisager la chose, l’idée commune étant de tenter de faire une bonne revue à la fois d’analyse, de discussion et de combat politique, qui s’adresse aux milieux libertaires (ou sensibles aux problématiques libertaires) au sens large, et notamment, à Paris, aux militants engagés dans les collectifs de solidarité de la première moitié des années 2000. Un texte de présentation du projet nous fait entrer en contact avec AC, JG et JPC de la CNT-AIT, qui s’y associent, ainsi qu’avec KL, sorti du PT et auteur de textes critiques sur les organisations trotskistes. Des amis proches participent aux premières réunions et s’engagent à aider à la mise en pages et à la diffusion de la revue.

Au total, la rédaction se présente majoritairement d’empreinte anarchiste, mais s’y ajoutent des influences du communisme de conseils ainsi que de l’école italienne de la composition de classe, souvent appelée "opéraïsme". La Question sociale bénéficie ainsi de la longue expérience et des contacts de la revue italienne Collegamenti (Liaisons), issue des mêmes courants, et en partie aussi de la revue opéraïste allemande Wildcat. Par la suite, d’autres contacts seront pris à l’étranger en fonction des projets rédactionnels.

L’expérience et le projet anarcho-syndicalistes pèsent lourd dans l’esprit de la plupart des rédacteurs, et, dans un contexte où la querelle est encore vive entre les deux CNT issues de la scission de 1993, un consensus se dégage pour essayer de donner aux militants des éléments de compréhension sur l’évolution récente du syndicalisme tant institutionnel que radical, en France et à l’étranger, à partir notamment de contributions de militants syndicaux capables de porter un regard critique sur leur organisation.

Le choix de faire une part importante à l’analyse des luttes du monde du travail est en outre motivé par l’engagement soutenu de GC et NT dans les différents collectifs de solidarité qui s’étaient formés autour de petites grèves radicales en région parisienne, comme celle du McDo de Strasbourg-Saint-Denis en 2001 et 2003, des femmes de chambre d’Arcade en 2002-2003, des Frog Pubs en 2003. Nous nous proposions de fournir des analyses critiques de ces expériences, qui puissent servir d’instruments pratiques pour l’action et les luttes à venir.

Pourquoi la revue n-a-t-elle pas survécu à son numéro 3 ? Pas de dissensions profondes entre les membres de la rédaction, malgré la diversité d’approches constatée et acceptée dès le départ. Pas de problèmes financiers majeurs non plus : la revue arrivait à s’autofinancer, avait constitué un réseau solide d’abonnements et profitait d’une distribution militante et en librairie au niveau national et international, ayant permis d’écouler sans trop de difficultés les 1000 exemplaires du premier numéro et les 3000 du troisième.

Alors, épuisement de l’expérience, en rapport avec la perte progressive d’initiative militante du milieu auquel s’adressait la revue ? Sans doute en partie. Mais c’est aussi que l’ambition s’est peu à peu avérée au-dessus des forces du petit noyau qui s’était constitué au départ, mais qui non seulement n’a pas réussi à se consolider, mais s’est même réduit insensiblement : suicide désespérant de KL, le plus jeune d’entre nous, en 2005, éloignement volontaire de MC, éloignement géographique de AC et JG, et pour finir lassitude des survivants, encore contraints de composer avec le travail salarié. C’est ainsi que le numéro 4, annoncé comme devant clore la série des dossiers sur le syndicalisme et en grande partie rédigé, ne trouvera jamais les forces suffisantes pour pouvoir sortir.

Le choix ambitieux d’une publication papier, assumé au départ comme plus ouvert au partage et au débat qu’un seul site Internet, a ainsi contribué à l’épuisement.

Un site rassemblant les articles publiés et des liens vers d’autres sites et articles a été réalisé post mortem et fusionnera plus tard avec celui de l’émission de radio Vive la sociale sur Fréquence Paris Plurielle, animée par GC et NT dans le même esprit.

NT et GC


Quelques précisions données en troisième de couverture du n°1 de la Question sociale quant à son intitulé :

Un petit mot d’histoire

La Question sociale a servi de titre (en italien surtout) à diverses publications du mouvement anarchiste dans la période située entre la fin de l’Internationale anti-autoritaire et la naissance du mouvement anarcho-syndicaliste. Il apparaît à Buenos Aires en 1883 puis de 1894 à 1896, à Florence de 1883 à 1889, à Paterson (New Jersey, USA) entre 1895 et 1908, à Trieste en 1910 (qui fait alors part de l’empire austro-hongrois) et à New York de 1914 à 1916, dans des journaux qui sont quasiment tous l’expression de courants partisans de l’organisation ouvrière et de milieux ayant mûri dans l’émigration. Dans ces journaux une large place est généralement faite au débat, et les luttes sociales occupent une place centrale. On retrouve plus d’une fois le nom d’Errico Malatesta parmi les rédacteurs, et notamment dans La Questione sociale publiée en 1899 à Paterson. Or cette ville deviendra en 1913 le théâtre d’une des plus grandes grèves du textile, menée par les Industrial Workers of the World, qui organisaient essentiellement la main-d’œuvre immigrée et non qualifiée. Tout porte donc à croire que ce journal a joué un grand rôle dans la formation politique du milieu militant moteur de cette grève, comme de celle de Lawrence qui l’a précédée d’un an, et plus généralement dans la formation des milieux militants d’origine libertaire qui se sont engagés dans les IWW.

En France, ce titre a été porté par plusieurs publications parues entre 1885 et 1898, à Bordeaux, Lyon et Paris. Celle dont la durée de vie fut la plus longue est la revue socialiste révolutionnaire, d’origine blanquiste et ayant évolué vers le marxisme, publiée à Paris par P. Argyriadès et Paule Mink. Elle se caractérise pour son ouverture et par une grande attention portée à la condition des ouvriers et à leurs luttes à l’échelle internationale.


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