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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Le Combat syndicaliste - CGTSR - (1926-1939)

En guise de présentation [1]

Connaître son passé pour transformer le présent et préparer l’avenir.

Il y a quatre-vingts ans, en décembre 1926, paraissait le premier numéro d’une publication qui a une longue et importante histoire, particulièrement pour la CNT, puisqu’il s’agit de son journal, Le Combat syndicaliste. C’est en effet à ce moment-là que la Confédération générale du travail — syndicaliste révolutionnaire, qui vient d’être fondée par 89 syndicats ou fédérations nationales autonomes lors d’un congrès à Lyon, les 15 et 16 novembre, décide de se doter d’un journal national pour rendre compte de ses activités et diffuser ses idées dans le prolétariat.

Le choix du titre en lui-même ne doit rien au hasard et s’inscrit dans l’héritage de notre mouvement. En 1911, le courant syndicaliste révolutionnaire, alors majoritaire au sein de la Confédération générale du travail, met en place un quotidien, La Bataille syndicaliste, pour disposer d’un média d’actualité dans son combat contre le patronat et l’État. Le rôle de ce journal est à la fois d’être plus clairement orienté que l’hebdomadaire de la CGT, La Voix du peuple, dans lequel toutes les tendances syndicales s’expriment, et de mieux intervenir dans les luttes grâce à sa périodicité. Le quotidien joue donc ce rôle jusqu’en août 1914, lorsque suite au ralliement d’un grand nombre de syndicalistes révolutionnaires à l’union sacrée avec la bourgeoisie, il devient l’organe de la tendance réformiste.

Mais les militants restés fidèles aux idées syndicalistes révolutionnaires et internationalistes ne renoncent pas à disposer d’un journal d’action. En décembre 1921, ils lancent dans ce but Le Syndicaliste révolutionnaire, remplacé en mai 1922 par La Bataille syndicaliste, dont la référence est explicite. Dans un premier temps, ce journal est l’organe des syndicalistes révolutionnaires dans leur lutte contre la mainmise du Parti communiste sur la Confédération générale du travail unitaire ; puis, après leur échec et leur départ de la CGTU, il leur sert pour se coordonner dans l’autonomie. Il réunit dans son comité de rédaction des militants comme les cheminots Besnard et Chaverot, le postier Lartigue, les syndicalistes de la métallurgie Chevalier et Broutchoux, Cornec, Mayoux et Marie Guillot de la Fédération de l’enseignement et Jouteau, Vallet, Jouve de la Fédération du bâtiment. Néanmoins, victime d’un manque de moyens financiers, cette publication disparaît en octobre 1925.

Mais, le besoin d’un journal servant de porte-parole au mouvement anarcho-syndicaliste et syndicaliste révolutionnaire français continue de se faire sentir. L’organisation internationale anarcho-syndicaliste, l’Association internationale des travailleurs (AIT) — refondée à Berlin à la fin de l’année 1922 et favorable à la réunion des syndicalistes révolutionnaires français — décide alors d’intervenir : à la demande des militants anarcho-syndicalistes français réunis dans l’Union fédérative des syndicats autonomes (UFSA), elle finance le lancement d’un journal mensuel, La Voix du travail, dont le premier numéro paraît en août 1926. Ce journal a pour but de faciliter le regroupement des syndicats, qui donnera naissance à la CGT-SR quelques mois plus tard, puis d’en devenir la revue théorique [2], parallèlement au CS qui couvre l’actualité militante.

Le Combat syndicaliste prend donc la suite de ces journaux, en connaissant une bien plus grande longévité : publié à Lyon entre 1926 et 1928, puis à Paris, avant de paraître à Limoges à partir de mai 1933 (quand il passe de mensuel à hebdomadaire), il durera jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Malgré tous ces changements géographiques, Louis Boisson restera son gérant de 1928 à 1939. Militant du bâtiment d’origine marseillaise, il est l’ancien secrétaire de la Fédération nationale des travailleurs du bâtiment, lorsqu’elle était à la CGTU, puis dans l’autonomie.

Durant toute cette période, le contenu du journal reflète les prises de position et les actions de la CGT-SR, qui a compté de 6000 à 7000 adhérents à son maximum. Ainsi, le CS fournit régulièrement des informations sur les luttes syndicales menées par les différentes fédérations d’industrie de la CGT-SR, dans le bâtiment, la métallurgie, les cuirs et peaux, le bois-ameublement, etc. Il fait de même par rapport aux conflits sociaux entrepris par ses syndicats locaux, notamment pendant la grande grève de soixante-seize jours des ouvriers ardoisiers de Trélazé en 1933-1934 ou la grève générale des ouvriers du bâtiment lyonnais qui dure cent deux jours en 1930. Surtout, il témoigne de l’engagement de la CGT-SR dans les grands moments d’action du prolétariat français que sont la grève générale du 12 février 1934 [3], celle de mai-juin 1936 [4] avec ses conquêtes sociales, ou les grèves de l’automne 1938 pour défendre ces conquêtes [5]. En particulier, les numéros du CS couvrant la grève générale de 1936 s’étendent longuement sur la participation des sections de la CGT-SR aux luttes ouvrières, dans le bâtiment, la métallurgie, le bois-ameublement ou l’agriculture ; car dans certaines villes de la banlieue parisienne, à Limoges, à Lyon et à Toulouse [6], les syndicats de la CGT-SR se retrouvent à la tête de la mobilisation et des négociations avec le patronat, en liaison avec les syndicats de la CGT.

En plus de relayer l’actualité syndicale, le CS joue un rôle dans la diffusion des idées anarcho-syndicalistes, particulièrement à travers les articles de Pierre Besnard [7].

Il a également la tâche importante de rendre compte de l’activité de l’AIT à laquelle la CGT-SR a adhéré dès ses débuts. Ainsi, le CS publie de nombreux articles sur la répression subie par les militants anarcho-syndicalistes en URSS (dont certains sont signés par Voline ou Lazarévitch) ou sur la lutte de l’USI italienne et de la FAU allemande contre leurs gouvernements fascistes respectifs. Mais l’événement le plus marquant de la rubrique internationale du CS est, bien sûr, la révolution espagnole commencée en juillet 1936 [8], que le journal couvre abondamment, relatant les efforts de la CNT espagnole pour construire une société communiste libertaire à travers les collectivisations, l’héroïsme des combattants des milices ouvrières et le soutien des anarcho-syndicalistes français partant lutter en Espagne ou collectant de l’aide en France. Tout cela, sans jamais perdre son sens critique vis-à-vis de certaines dérives de la CNT espagnole. Puis, au début de l’année 1939, lorsque les républicains espagnols vaincus par le franquisme trouvent refuge en France, le CS s’indigne de leur internement dans des camps et fait tout ce qu’il peut pour coordonner la solidarité face à une situation qui annonce les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs celle-ci qui met fin à la première existence du Combat syndicaliste : refusant de se soumettre à la censure du gouvernement français, le CS cesse de paraître en septembre 1939.

Till B. Mellow, CNT-Culture-spectacle RP



Documents

Notes :

[1Extrait de l’article "Le Combat Syndicaliste a 80 ans... de luttes, de solidarité internationale et d’action révolutionnaire" paru dans la revue Les Temps maudits n° 25, Octobre 2006/Avril 2007. Pour la fiche technique du Combat syndicaliste, voir le Bianco.

[2La Voix du travail, qui peut être vue comme un ancêtre des Temps maudits, a paru d’août 1926 à octobre 1927.

[3Le Combat syndicaliste n° 41, 16 février 1934 : "Grève générale contre le fascisme".

[4Le Combat syndicaliste n° 159, 5 juin 1936 : "Après l’occupation des usines : saluons la magnifique aurore qui se lève !

[5Le Combat syndicaliste n° 289, 9 décembre 1938 : "Deux dates mémorables entre toutes : juin 1936 — novembre 1938".

[6Le Combat syndicaliste n°162 , 26 juin 1936 : "Les grèves toulousaines".

[7Voir ses articles dans l’Encyclopédie anarchiste, ainsi que sur le site consacré à Pierre Besnard.

[8Le Combat syndicaliste n° 167, 31 juillet 1936 : "Devant la révolution espagnole, fascistes, bas les pattes !"

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