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Éditorial
Noir et Rouge n°25 - Octobre-Novembre 1963
Article mis en ligne le 7 octobre 2018
dernière modification le 6 novembre 2017

par ArchivesAutonomies

LA LUTTE ANTIFRANQUISTE

Il y a deux ans, si on cachait un algérien chez soi, on disait à ses proches : c’est un espagnol ; aujourd’hui on se demande si on ne va pas bientôt être obligés de cacher des camarades espagnols en disant qu’ils sont algériens !
On se rappelle la campagne contre l’exécution du communiste Grimau. Or le 2 août 1963 une bombe explosait au siège de la CNT FAI FIJL à Toulouse, qui a protesté ? Delgado et Granados sont morts, qui a protesté ? Capdevila a été abattu par la "Guardia Civil" les armes à la main : deux camarades espagnols venus de France condamnés à 60 et 25 ans de prison ; trois jeunes camarades français Ferry, Batoux et Pécunia à 15, 24 et 30 ans ; les locaux de la CNT, de la FIJL et de la FA ont été perquisitionnés ; 21 anarchistes espagnols arrêtés, qui a protesté ?
Est-ce qu’un communiste pèse plus que deux anarchistes dans la balance de l’antifranquisme ?
Est-ce que les communistes seuls ont le monopole de l’héroïsme ?
Franco présente Delgado et Granados comme des jeunes voyous, goujats à l’occasion ; De Gaulle fait arrêter les anarchistes espagnols pour "association de malfaiteurs". Si être antifranquiste, c’est se conduire en malfaiteur, à ce titre nous sommes tous coupables et le crions bien haut.
En attendant, le franquisme continue, S’il y a l’action violente, avec laquelle on peut être ou non d’accord , il y a aussi le peuple espagnol lui-même – les grèves aux Asturies – qui lutte toujours.

ACTION DIRECTE

A Montevideo, le consulat espagnol a été occupé par les Jeunesses de la FA d’Uruguay le 15 août.
Profitant d’une manifestation contre la dictature de Stroessner au Paraguay (qui a signé des accords culturels avec l’Espagne en juillet), une vingtaine d’anarchistes ont occupé le consulat. "Depuis les fenêtres de l’édifice, ils déplièrent deux grandes pancartes contre la condamnation à mort des deux anarchistes espagnols, tandis que de la rue un groupe dix fois plus nombreux observait les résultats de "l’opération"" (El Plata, de Montevideo, I5/8/63). Pendant ce temps, la manifestation contre Stroessner arrivait, et les manifestants décidèrent de bloquer le consulat espagnol.
Nos camarades anglais ont aussi occupé, l’ambassade espagnole à Londres, le consulat espagnol à Glasgow, l’ambassade française pour protester contre les arrestations de nos camarades, l’ambassade d’Afrique du Sud, l’ambassade cubaine qui a été prise par les anarchistes, pendant que les manifestants défilaient avec des banderoles : "Castro, no, Yankees, no, Liberté pour le peuple cubain si !" (Le Monde 23/7/63).

LA GUERRE ALGÉRO-MAROCAINE

Dans ce numéro, un article est consacré au Maroc. Un de nos camarades en revient, juste avant le début des "hostilités". Ainsi, les pièges du pouvoir se répètent : attribuer à "l’étranger" la responsabilité des difficultés intérieures et Hassan, petit roi autoritaire et retors, n’est pas fâché de trouver en Ben Bella un exutoire à ses ennuis. Quant à celui-ci, il mobilise les djounouds et les envoie au casse pipe, essayant d’entraîner las kabyles dans le grand souffle patriotique en camouflant en même temps les difficultés économiques. Vieilles recettes, qu’on n’hésite pas à emprunter au colonialisme, quand l’intérêt de "l’Etat" est en jeu. Après la première lutte essentielle, contre ledit colonialisme, le peuple algérien doit et devra lutter aussi contre ses gouvernements, comme le peuple marocain, comme tous les peuples ; même les non ex-colonisés. Et Espagne, par exemple, et en France.

COEXISTENCE PACIFIQUE

La Conférence de la 3ème Internationale, tenue à Moscou en juillet I921 à laquelle participa une délégation de la CNT espagnole, Orlandi, Leval (alors réfugié en Espagne) et d’autres, on put entendre le dialogue qui suit que nous tirons de Anarchismo n° 2 :

"Tous les anarchistes russes sont des voleurs et des criminels. Aucun de ceux qui sont actuellement en prison ne peuvent être libérés",

dit Trotski. Leval demanda des explications.

"Qui êtes-vous, Leval, je ne crois pas nécessaire de vous répondre ?"

Orlandi demanda à son tour des preuves.

"Vous me donnez l’impression d’être une femme hystérique ; je suis le commissaire du peuple, et je trouve superflu de vous donner une quelconque explication. Ma parole est suffisante. Les délégués au Congrès de l’International syndicale, n’ont pas le droit de demander la liberté pour ces bandits contre-révolutionnaires. Nous ne sommes pas responsables de nos actions ici en Russie, et nous qui sommes au pouvoir, nous faisons selon les intérêts de la révolution !"

Le camarade Trotsky avait, au moins de février de la même année, commandé à Toukachevsky d’écraser l’insurrection des marins de Kronstadt – à tendance anarchiste. "Tuez-les comme des perdrix" (paroles historiques qui ne sont pas tombées dans les "poubelles de l’histoire").
C’est sans doute dans la même ligne des "associations de malfaiteurs" qu’on passe actuellement sur les écrans parisiens le film russe "La Tragédie Optimiste" (écrite par un "prix Staline" !) sur les "bandits" de Kronstadt. Coïncidence ! En tout cas, contre-vérité historique : l’armée rouge de Trotsky devient l’armée blanche chez Vichnievsky.

LA VIE MONDAINE

La société des amis d’Edouard Drumont est enfin fondée. Rappelons que Drumont (1844-1917) est un de nos premiers grands intellectuels antisémites, auteur de "La France Juive" (1886) et autres ouvrages du même ordre. En 1892, il fonda La Libre Parole consacrée à l’antisémitisme, il s’intéressa à l’affaire Dreyfus et son action antisémite le fit élire député d’Alger en 1898.
Parmi les membres de cette nouvelle société reconnue par l’Etat : Bardèche, Coston, Xavier Vallat.
Mlle Dior, a expliqué à la télévision pourquoi elle épouse le chef fasciste anglais Colin Jordan : les Juifs, les Nègres, les Jaunes, elle n’aime pas ça, elle préfère le nettoyage par le gaz sans doute !

Noir et Rouge