par ArchivesAutonomies
Il est beaucoup question des gauchistes dans les remuantes A.G., les dérisoires coordinations et les manifestations symboliques du mouvement parisien des groupes autonomes. Aux idéologies gauchistes de ce siècle se substitue une idéologie anti-gauchiste ; car ce discours n’est bien souvent dans sa négation toute théorique, que le retour du même, du discours et de la pratique gauchiste.
Il y a pourtant du nouveau dans l’autonomie : refus posé de toute idéologie, refus d’une vision figée de l’histoire (fut-elle marxienne), abandon du mythique sujet révolutionnaire, irruption du désir et du ludique, critique en acte de la marchandise, etc. Mais ce qu’il manque au mouvement, c’est la découverte de l’utilisation de nouvelles formes autonomes de rassemblements et de luttes. Car il est maintenant clair que les "autonomes" n’ont absolument rien à faire, ni à voir, avec l’expression traditionnelle du politique (meeting, manifestation gauchiste ou ouvrière).
Notre pratique ne peut et ne doit se situer qu’en dehors du champ codé du politique. Et la réponse à cette vitale recherche ne viendra certainement pas de la tentative de récupération du mouvement par les professionnels de la politique :
— les névrosés de l’organisation léniniste qui bouffent depuis peu au râtelier Bakou.
— ces "camarades" que nous ne voudrions pas pour amis.
— ces "organisateurs" qui ne sont ni communistes, ni libertaires*.
La réponse ne viendra pas non plus des tracts-critiques pro-situs qui fleurissent à chaque A.G.... Depuis le temps qu’il y a des si tus, et qu’ils vendent des livres peu sont venus pour en tirer profit. Et il ne reste en tout état de cause que des pro-situs.
"Spectateurs" du mouvement, tiraillés entre le désir d’en revendiquer la nouveauté et d’en ruminer les limites, ils ne peuvent que se situer hors champs, dans le décor-critique. Et si le mouvement est "spectacle" (ce qu’il peut de- venir), ils en sont bien le décor qui se change entre actes.
Ils trouvent dans un premier temps un dérivatif à la misère de leur vie en cautionnant, c’est-à-dire récupérant, les "casseurs". Clin d’œil au spectacle de la violence. Nécessité vitale pour eux, car on sait maintenant qu’au-delà de leur bibliothèque, les pro-situs ne cassent rien, ni les vitrines comme les briques. Les derniers à croire que la dialectique n’est pas une idéologie appartiennent au monde pensant et ne peuvent comprendre que si la misère du mouvement autonome est parfois réelle, sa réalité n’est pas toute misérable. A tout choisir, les "veuves-mao" ont fait quelque part un bond qualitatif en voulant s’inscrire dans la non-idéoiofje. Les "orphelins-Debord", quant à eux, rabâchent sempiternellement les mêmes slogans éculés.
Leur AUSTÉRITÉ révolutionnaire les fait comparables à ces vieux jansénistes de Port-Royal, Champ-libre de l’époque, qui affirmaient que la volonté individuelle de changement n’est rien comparée aux exigences divines. Comme Hegei derrière sa chaire dialectique, ils n’ont fait que remplacer dieu par l’histoire, sans jamais l’avoir rencontré.
Heureusement qui n y a pas que les tracts situs pour tuer l’idéologie, et leurs petites marchandises littéraires ne détruisent en rien le règne de la marchandise. Plus que la décomposition de l’idéologie gauchiste, ils nous montrent le spectacle de la décomposition du cadavre de l’IS... ça commence à puer drôlement
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* Il est tout à fait dérisoire et néanmoins nécessaire de rappeler ici l’existence de l’innommable huit pages : l’officiel de l’autonomie qui mérite bien son nom puisqu’il est à la fois l’officiel du spectacle de l’autonomie et le Pariscope de la bêtise. Notons toutefois qu’il est une mayonnaise ratée des deux "sous-groupes" autonomes auxquels il est fait rapidement allusion.
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J.Luc Jamois
PS. -Les rédacteurs de "Matin d’un Blues" tiennent à préciser que l’opinion de Jean-Luc n’engage que lui à propos du jugement qu’il fait sut l’OCL que nous considérons, nous, comme des camarades très sûrs et politiquement plus que corrects