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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Pour la solidarité prolétarienne : appel du comité de la 3è Internationale - F.Loriot, P.Monatte, B.Souvarine
Bulletin communiste n° 7 - 29 avril 1920
Article mis en ligne le 29 mars 2020
dernière modification le 31 décembre 2019

par ArchivesAutonomies

Travailleurs  !

Le 1° mai, jour traditionnel d’une manifestation des prolétaires de toute la terre unis par leurs souffrances communes et leurs communes aspirations dans la lutte contre l’oppression capitaliste, vous rappelle un devoir de solidarité auquel vous ne sauriez vous soustraire sans trahir votre propre cause en même temps que celle de vos frères exploités des autres pays.

La solidarité mondiale du prolétariat est la condition essentielle de votre libération du servage moderne  : le salariat. La lutte émancipatrice des salariés est internationale comme leur exploitation par le capital. Le sort de la classe productrice du monde entier est en jeu quand une fraction nationale de cette classe est engagée dans un combat décisif contre sa bourgeoisie  : la défaite d’un prolétariat est une défaite pour tous les prolétaires, sa victoire est une victoire pour tous les prolétariats.

Les ouvriers et les paysans de Russie ont consenti d’incalculables sacrifices et fait preuve d’un dévouement sans bornes à la cause universelle des travailleurs opprimés. Ils n’ont pas versé leur sang, supporté toutes les misères, enduré mile souffrances, pour d’égoïstes intérêts, mais pour la délivrance de tous leurs frères de travail. En Hongrie et en Allemagne sont tombés pour la même cause des milliers de militants de la classe ouvrière révoltée. À ce martyrologe des communistes ont répondu les actes inoubliables des marins français de la mer Noire, des soldats mutinés à Arkhangelsk, des dockers, des marins, des cheminots, entravant l’expédition du matériel de guerre aux bandits de la contre-révolution. Ces démonstrations de solidarité internationale attestent d’une conscience de classe qu’aucune persécution ne pourra briser, et laissent espérer une démonstration plus vaste et plus efficace par son ampleur.

Plus que jamais, à l’heure où la coalition impérialiste alliée s’efforce de faire expier aux prolétaires de l’Europe Centrale les crimes de tous les dirigeants, doit s’exercer par-dessus les frontières la solidarité prolétarienne internationale. Il faut secourir les avant-gardes héroïques sur qui s’acharnent les fureurs de la réaction capitaliste. La Révolution allemande doit être aidée sans retard par les peuples occidentaux, pour que soit écarté de l’élite du peuple allemand le sort des communistes de Munich et de la Ruhr.

Aux ouvriers français incomberaient de terribles responsabilités si les répressions conjuguées des deux militarismes, sur la rive droite du Rhin, ne provoquaient pas la vigoureuse riposte de leurs organisations. La bourgeoisie française, âpre à conserver ses gigantesques profits de guerre et à étendre ses domaines d’exploitation, cherche visiblement à réduire en esclavage les travailleurs d’Allemagne pour éviter sa banqueroute inévitable, et dispute aux exploiteurs allemands une part des fruits de leur spoliation. Ses projets ont été clairement révélés par le traité de Versailles, conclusion impérialiste d’une guerre impérialiste, cynique affirmation du droit de la force capitaliste victorieuse à subjuguer les peuples désarmés. Ce traité de pillage déroule ses conséquences inéluctables en écrasant le peuple allemand déjà dépouillé par sa bourgeoisie et, rendant intolérables ses conditions d’existence, contribue à susciter les soulèvements populaires que le militarisme noie dans le sang ouvrier. À la force capitaliste doit s’opposer la force prolétarienne, investie de la mission émancipatrice du travail par l’idéal communiste  : comme la Révolution allemande a déchiré le traité de Brest-Litowsk, la révolution européenne détruira le traité de Versailles.

Travailleurs, au secours de vos frères allemands, sur qui pèse le joug du capitalisme français ajouté à la domination du capitalisme allemand, et de ses valets de la social-démocratie traîtresse !

Au secours de vos frères de Hongrie frappés par la répression sauvage des magnats de la propriété foncière et du privilège industriel !

Au secours de vos frères des Balkans qui ne subissent la tutelle bourgeoise que par le voisinage des baïonnettes alliés !

Au secours de vos frères d’Irlande, en insurrection permanente et irréductible sous la botte géante de l’impérialisme britannique !

Au secours de vos frères de Russie, menacés par les mercenaires polonais et les hordes japonaises coalisées pour étouffer le foyer de la Révolution sociale !

Que la solidarité prolétarienne mondiale ne soit pas un vain mot. Que le 1° mai, retentissent partout les mots d’ordre du communisme international !

Paix à tous les peuples  ! À bas le régime capitaliste  ! Vive la Révolution Communiste !

Pour le Comité de la 3° Internationale.

F. LORIOT, P. MONATTE, B. SOUVARINE