Le but vers lequel les ouvriers se sont efforcés pendant soixante-dix ans est enfin atteint : l’union universelle du prolétariat est un fait accompli. Il y a soixante-dix ans que Marx et Engels ont proclamé le grand mot d’ordre : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" Mais les ouvriers n’ont pu réaliser leur union internationale jusqu’au moment où la concentration des capitaux, des monopoles, de la haute finance et de l’impérialisme les y contraignit.
À l’heure qu’il est, le prolétariat mondial — son avant-garde — représente une masse vivante compacte et pénétrée d’esprit marxiste. Dans tous les pays la classe ouvrière se lève, se rassemble autour de la Troisième Internationale de Moscou et s’unit sur la base d’un programme commun. Nous voyons avec étonnement que même dans les pays les moins accessibles à l’influence du marxisme, tels que la France et l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande, même dans ces pays on commence ouvertement une propagande marxiste qui est attentivement écoutée, qui trouve de nombreux échos et conquiert les masses de la population. Le sens de cette propagande est toujours le même : les soviets ouvriers doivent être une arme contre le capitalisme et devront servir de base à l’édification du nouveau régime social. Et partout, dans la lutte politique et dans la révolution, une nouvelle union se crée, en effet. Cette union n’est pas le résultat d’une flambée éphémère ; elle ne provient pas non plus d’une étincelle momentanée, parce que la révolution se poursuit toujours. Aussi l’union et la révolution vont-elles en augmentant dans tous les pays, elles s’y régénèrent et s’y approfondissent de plus en plus. L’union du prolétariat et la révolution sont nourries par le nouvel impérialisme, par les nouvelles guerres, par la nouvelle conflagration mondiale que l’on entend déjà gronder au loin. Elles sont affermies par la nouvelle Ligue des Nations qui se révèle n’être autre chose qu’une forme nouvelle de l’impérialisme mondial. Cette Ligue ne représente jusqu’ici qu’une alliance des capitalistes de tous les pays, y compris l’Allemagne, alliance placée sous l’égide de l’impérialisme anglo-américain. Elle devient à son tour un des facteurs qui poussent le prolétariat du monde entier à s’unir.
Toutes ces causes permanentes assurent la continuation de la révolution et forcent, de plus en plus, les ouvriers à s’unir toujours plus étroitement.
C’est la Russie qui a donné naissance à la révolution ; aussi, nos camarades russes ont-ils acquis une gloire éternelle, ayant su trouver le programme politique, la voie et les moyens de détruire le capitalisme et étant parvenus à démolir la vieille société et à lutter victorieusement contre toute une légion d’ennemis. L’exemple de nos camarades communistes russes demeure à jamais. Mais ils n’ont réussi à triompher que parce qu’ils avaient derrière eux une puissante armée auxiliaire — la masse des paysans pauvres.
L’Allemagne a été le premier pays foncièrement capitaliste qui vit éclater chez lui la révolution. Mais la classe ouvrière y était seule dans la lutte qu’elle avait à y soutenir. Aussi, les ouvriers allemands ont-ils le mérite impérissable d’avoir accepté le combat et montré, par leur exemple, la voie à suivre aux prolétaires des autres pays capitalistes. Ce mérite est d’autant plus grand que la révolution mondiale ne pourra triompher que si elle est internationale. Les autres pays européens — l’Italie, l’Angleterre et la France — édifiés par l’expérience de l’Allemagne entreront dans la voie qu’elle suit.
La révolution se propagera et gagnera bientôt toute l’Europe et l’Amérique. Comme l’océan, elle aura, sans doute, son flux et son reflux, mais elle croîtra sans cesse et remportera, tôt ou tard, la victoire décisive.
L’union universelle des prolétaires est un fait réel. Ce n’est pas en pure perte que les communistes allemands ont combattu et combattent toujours pour cette cause. Ce n’est pas en vain que sont morts nos camarades inoubliables Rosa Luxembourg, Karl Liebknecht, et tant et tant d’autres, si nombreux, dont nous ne connaissons même pas les noms. Nous voyons déjà le fruit réel de leurs efforts : c’est l’union universelle du prolétariat. Ce fruit sera suivi d’autres, mais en attendant il est le plus important, le plus précieux, parce que l’union internationale des masses est la condition absolument nécessaire et, en même temps, parfaitement suffisante, pour que le communisme remporte sur le capitalisme une victoire définitive.