Bandeau
Fragments d’Histoire de la gauche radicale
Slogan du site
Descriptif du site
Pour le Conseil national socialiste du 14 juillet 1920
Bulletin communiste n°15 - 24 juin 1920
Article mis en ligne le 29 mars 2020
dernière modification le 19 mars 2020

par ArchivesAutonomies

Le Comité de la 3° Internationale invite toutes les sections et fédérations du Parti à adopter la résolution suivante, et à donner à leurs délégués au Conseil National le mandat impératif de la défendre et de la voter.

Le Conseil National du Parti socialiste enregistre le fait que la bourgeoisie capitaliste et le gouvernement qui en est l’expression considèrent subitement comme subversifs les postulats de l’action socialiste et ouvrière, et comme séditieuse l’action de classe du prolétariat.

Il prend acte de la politique de basse vengeance exercée par le pouvoir, sous l’inspiration de la plus extrême réaction, et caractérisée par l’emprisonnement de centaines de militants socialistes et ouvriers, sous les inculpations de "complot contre la sûreté de l’Etat", de "menées anarchistes", de "provocation de militaires à la désobéissance", etc., la révocation de milliers de cheminots placés de ce fait, ainsi que leur famille, dans l’impossibilité de vivre.

Cette politique, qui range la France parmi les Etats les plus réactionnaires du monde, a déjà su pour résultats de diminuer la production que la bourgeoisie prétend augmenter par la violence et par la restriction des libertés ouvrières déjà conquises, et d’aggraver la désorganisation créée par la guerre impérialiste, en ruinant l’activité économique de plusieurs régions, du fait de la suppression d’ateliers employant des milliers d’ouvriers qualifiés.

Ainsi, la bourgeoisie française aux abois, en affamant ces ouvriers, en les poursuivant de sa haine, en les acculant soit à la misère et à la mort, soit à porter à l’étranger, comme au lendemain de la révocation de l’Edit de Nantes et de la Commune, leur force-travail dont la France leur refuse l’emploi, dévoile toute l’hypocrisie des raisons d’intérêt national invoquées par elle pour légitimer la guerre impérialiste et contre-révolutionnaire qu’elle poursuit encore contre la Russie soviétique.

Elle montre bien que pour elle, comme pour le capitalisme de tous les Etats, l’ennemi qu’il faut abattre pour mieux l’asservir, c’est le prolétariat universel, dont l’organisation et les progrès constituent pour ses monstrueux privilèges une menace mortelle.

Afin d’entraver le développement de la révolution mondiale, les classes dirigeantes de tous les pays se concertent et agissent, décidées à ne reculer devant aucun crime pour triompher. La diversité d’attitude des différents gouvernements envers le prolétariat n’est nullement l’expression de différences de degré dans leur libéralisme, mais correspond à la résistance plus ou moins puissante des masses prolétariennes.

Ainsi, le gouvernement et le patronat français, après avoir suscité, par leurs insatiables appétits et une politique d’égoïsme et d’aveuglement, l’action directe de la classe ouvrière, ont exercé une répression d’autant plus brutale que la force ouvrière leur est apparue plus menaçante.

Devant cette situation, le Conseil National rappelle hautement que le Parti socialiste "n’est pas un parti de réforme mais un parti de lutte de classes et de révolution".

La lutte de classes n’est pas un accident social mais la forme permanente de résistance des exploités contre leurs exploiteurs. Elle est imposée au prolétariat par le capitalisme, dont l’évolution rend toujours plus précaire la condition des salariés. Les travailleurs luttent non seulement contre la régression sociale qui résulterait de leur inertie ou pour la stabilisation des avantages acquis, mais pour la libération complète et définitive du travail du joug du capital.

La lutte de classes n’est pas pour les prolétaires un fait social qu’ils s’efforcent d’atténuer par des compromis avec le régime existant, mais un moyen et le seul qui leur permette d’accomplir leur mission historique, c’est-à-dire la substitution de l’ordre communiste à l’anarchie capitaliste, l’instauration du régime où, avec la suppression des classes, disparaîtra la lutte de classes.

Les formes de la lutte de classes ne sont pas livrées aux hasards d’une inspiration fortuite, ni aux caprices de quelques hommes ; elles sont déterminées par les conditions d’existence imposées aux masses par la classe dirigeante.

La désorganisation économique universelle, l’effroyable chaos où l’impérialisme a plongé le monde, l’anéantissement de centaines de milliards de richesses, la disette, les épidémies, l’aggravation constante de la misère et des servitudes, l’impuissance de la bourgeoisie à restaurer l’ordre ancien comme à instaurer l’ordre nouveau incompatible avec ses privilèges et son existence même, ont créé partout une situation révolutionnaire qui détermine l’attitude des masses. Celles-ci sont entraînées à intensifier la lutte de classes et à répondre à la violence bourgeoise par la violence révolutionnaire. Le Parti socialiste, fidèle à ses principes et à sa mission, doit les soutenir, les guider et les entraîner vers l’accomplissement de leur destin.

Envisageant la situation générale actuelle. et solidaire du prolétariat mondial, le Conseil National déclare que le prolétariat n’a pas d’autre alternative que se condamner à subir la dictature toujours plus oppressive de la bourgeoisie ou se libérer par la révolution.

En conséquence, il affirme :

I. La tâche du prolétariat consiste à l’heure actuelle en la mainmise immédiate sur le pouvoir de l’Etat capitaliste et son remplacement par un appareil gouvernemental prolétarien. 

II. Le type de l’Etat prolétarien doit être, non pas la fausse démocratie bourgeoise, mais la démocratie prolétarienne, non pas le parlementarisme, mais le self-government des masses par l’intermédiaire de leurs organes électifs ; non pas la bureaucratie capitaliste mais les organes d’administration créés par les masses elles-mêmes avec leur participation réelle à l’administration et à l’œuvre socialiste constructive. La forme concrète est le pouvoir des soviets ou des organisations similaires. 

III. La dictature du prolétariat doit être le levier de l’expropriation immédiate du capital de la suppression du droit de propriété privée ; de l’institution du travail obligatoire ; de la socialisation des moyens de production et d échangé : terre, industrie, mines, moyens de transport, sous la gestion directe des paysans, ouvriers, mineurs, cheminots, marins. 

IV. La méthode principale consiste dans l’action des masses du prolétariat pouvant aller selon la résistance de l’adversaire jusqu’au conflit à main armée avec le pouvoir de l’Etat capitaliste. 

Le Conseil National déclame en outre que le Parti socialiste mettra tout en œuvre pour assurer, sans compromission aucune avec la bourgeoisie, et d’accord avec l’Internationale communiste, la réalisation rapide de ce programme.

Le Conseil National envoie, à tous ceux qui expient dans les geôles de la République bourgeoise le crime d’avoir défendu ces principes et cette tactique, l’assurance de sa complète solidarité.

Il s ’engage à agir par tous les moyens en son pouvoir pour que la liberté et le travail soient rendus à toutes les victimes de la répression capitaliste et de la vindicte patronale.

La Commission Exécutive.