Après l’arrestation de Monatte, il fallait s’attendre à celle de Loriot. Notre dévoué camarade et secrétaire du Comité de la 3e Internationale n a pas tardé à rejoindre à la Santé le directeur de la Vie Ouvrière. Et les arrestations se succèdent par dizaines !
Le gouvernement inculpe nos amis de "complot contre la sûreté de l’Etat". Pour comble d’infamie, Loriot serait par surcroît poursuivi en vertu des "lois scélérates", c’est-à-dire pour "provocation au meurtre, au pillage, à l’incendie, etc."
Ainsi des hommes qui ont toujours fait leur propagande au grand jour, et qui défendent des idées communes à des millions de travailleurs, sont choisis comme victimes parmi leurs camarades uniquement parce que la confiance de ceux-ci les a investis d’une valeur représentative.
Les militants arrêtés et incarcérés, dont on ne peut encore faire l’énumération complète, ont fidèlement rempli le mandat que leurs organisations leur avaient confié : si la défense des intérêts prolétariens, si l’énoncé des doctrines communistes, sont des crimes, nous proclamons tous notre "complicité" et nous ne laisserons pas frapper quelques-uns des nôtres pour notre crime commun.
Tous les socialistes, tous les syndicalistes, dont l’action s inspire du communisme, sont en permanente insurrection contre l’Etat bourgeois, c’est-à-dire contre l’ensemble des institutions qui consacrent et imposent l’exploitation des masses par une caste oligarchique, qui légalisent le vol et la spoliation, et qui recourent à l’assassinat pour prolonger leur funeste existence.
Quant aux provocations au meurtre, au pillage, à l’incendie, elles sont l’apanage exclusif des sacripants qui nous gouvernent, et qui ne donneront pas le change en essayant d’imputer aux innocents leurs propres crimes. Leurs guerres, leurs blocus, leurs répressions, leurs dévastations de toutes sortes laissent loin derrière elles les atrocités d’Attila, de Gengiskhan, de Tamerlan, voire de Béhanzin ; et ce sont ces massacreurs sans allure, ces bourreaux en smoking qui profèrent des accusations contre les militants ouvriers, contre les artisans d’un régime d’équité et de justice !
Nos camarades persécutés peuvent attendre sans frémir le procès qui leur est fait. Ce sera le procès du régime féroce, despotique et sanglant du capitalisme, où les accusés se feront accusateurs, où le prolétariat criera son témoignage avec une force telle que les assises de la puissance bourgeoise en trembleront, où le verdict, quel qu’il soit, ne pourra pas ne pas être la condamnation sans appel de la société capitaliste.