La bourgeoisie capitaliste qui préside aux destinées de ce pays, grisée par le succès factice qu’elle a obtenu à la soi-disant consultation nationale, essaye, avec une brutalité sans précédent dans l’histoire de la République, d’empêcher par des moyens ignobles la marche sans cesse ascendante de la révolution prolétarienne. La crainte de se voir déposséder d’une situation qui leur a jusqu’ici permis de commettre tous les vols, toutes les bassesses, tous les crimes, pousse les hommes qui servent le capitalisme et dont l’histoire enregistrera tous les reniements et toutes les trahisons, à brimer avec rage les esprits les plus clairs et les plus sains de la nation.
Aux perquisitions ont succédé les arrestations. Demain, à l’aide de juges stipendiés par un gouvernement de proie et de rapine, un nombre considérable de camarades se verront infliger des années de prison sous le prétexte ridicule d’avoir comploté contre la sûreté de l’Etat.
Camarades, il est de votre devoir d’empêcher un pareil forfait.
Sans vous laisser abattre un seul instant par la haineuse répression dont sont victimes les meilleurs d’entre nous, il vous appartient de dénoncer devant le prolétariat français, la grossière manœuvre de diversion tentée par ceux qui ont depuis longtemps, mérité d’ être cloués au pilori de l’histoire.
Pour détourner de leurs têtes, menacées par la colère du peuple, le châtiment qui certainement les atteindra un jour, ils donnent en pâture aux profiteurs, ceux qui représentent les plus nobles idées, les plus saines théories.
Le comité de la 3e Internationale dénonce cet attentat à la liberté de pensée.
Des militants tombent, d’autres surgissent immédiatement pour les remplacer et accélérer la poussée sans cesse grandissante de l’idée révolutionnaire. Si les nouveaux n’ont pas la même valeur, la même foi en un même idéal les anime ; elle leur donnera la force nécessaire pour poursuivre l’œuvre commencée.
Il faut, vous tous, militants qui voulez établir l’ordre dans la société actuelle, pourrie jusqu’au plus profond d’elle-même, que vous entraîniez vos facultés, que vous stimuliez vos énergies, pour que, l’heure venue, vous soyez prêts à donner l’immense coup de balai qui nous débarrassera des parasites.
Il faut, camarades, que vous soyez prêts à l’action, afin que le moment venu, nous puissions obtenir la libération de ceux qui souffrent pour l’idée.
Il est extraordinaire que seuls, certains d’entre nous soient frappés, alors que nous avons mené ensemble la même lutte, que nous avons défendu les mêmes théories, que nous avons partagé les mêmes responsabilités. Tout le comité de la 3e Internationale revendique pour lui l’honneur d’être traîné devant les juges aux côtés de ceux déjà traduits.
L’heure est venue de relever la tête ! Rejoignez tous le comité de la 3e Internationale ! C’est là, socialistes, syndicalistes, libertaires, que vous vous retrouverez pour mener à bonne fin l’action révolutionnaire, qui aboutira à la transformation de la société.
Pour le Comité de la 3e Internationale : Les secrétaires par intérim :
V. Godonèche, René Reynaud, Jean Ribaut