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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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La Montagne
2 avril 1871 - 25 avril 1871
Article mis en ligne le 1er septembre 2020
dernière modification le 5 septembre 2020

par ArchivesAutonomies

Présentation

"Journal de la révolution sociale." Deux feuilles grand format, six colonnes à la page. Prix : 5 centimes. Quotidien, vingt-deux numéros parus du 2 au 25 avril. Les numéros 1, 11 et 19 ont eu deux éditions, le n°3 en a eu trois. Rédacteur en chef : Gustave Maroteau. Principales rubriques : éditorial, informations, actes officiels, échos, dépêches. Dans le n° 1, l’article de Maroteau s’intitule "De l’audace !", il recommande : "Soyez énergiques jusqu’à la violence... Il faut tout oser." Le lendemain, Maroteau proteste contre l’élection projetée d’un général, car nommer un général, c’est donner un sabre à un dictateur. A côté, dans la "Tribune sociale", Passedouet donne cette définition de la justice et de la loi : "Chez l’individu isolé, les intérêts n’ont pas d’opposition, et sa puissance seule limite sa liberté d’action. Aussitôt qu’il est réuni à un certain nombre d’autres, la question change. Sa puissance trouve, non un frein, mais une opposition dans une puissance corrélative. Si l’exercice de ces deux pouvoirs n’est pas arrêté au point d’intersection où ils se rencontrent, ils vont se détruire l’un l’autre. C’est ce point d’intersection que nous appelons l’équilibre des intérêts, et la conscience exacte de cet équilibre se formule par ce mot : la justice... Pour se défendre, il faut, aussi bien à la Justice qu’autrefois aux intérêts, une formule et une sanction : la loi et la force. Ce qu’il est en conséquence opportun de faire, c’est de chercher le point d’intersection des intérêts. De faire du résultat de cette recherche une formule qui sera la loi... Si nous trouvons cette formule de la loi, les mandataires chargés de veiller à son exécution perdent toute leur importance et le véritable gouvernement sera trouvé..." Dans le n°3, bulletin de victoire à propos de l’offensive ; dans le n°5, condamnation par Maroteau de la conciliation : "Non ! Non ! pas de paix, pas de trêve ; feu roulant ! ou la Vendée met le sabot sur la tête du monde. Oui ! car c’est au nom du roi et du pape qu’ils ont engagé la bataille ; c’est la féodalité qui revient ; ce sont tous les préjugés de nuit qui tourbillonnent, aveuglés et furieux, autour de la lumière de Paris. Quoi ! vous voulez que l’avenir se laisse arrêter par le passé, que le travail fraternise avec la paresse, que le progrès s’allie à l’ignorance !... Méfiez-vous des conciliateurs." Dans le n°8, à la suite des exécutions sommaires de gardes nationaux faites par les Versaillais, Maroteau note : "Les mots s’égarent ; j’ai peur d’écrire avec trop de brutalité. Il faut que ce massacre cesse, que ces furieux reculent ; au premier pas en avant, massacrons les leurs ; que la terreur rouge terrasse la terreur blanche, et que les balles de la Révolution fassent taire les boulets de l’Ordre !" Dans le n°11 : "Du courage ! et ce soir nous verrons peut-être la fin de cette grande guerre qui, depuis des siècles, ensanglante le monde ; la victoire des maigres sur les gras, du travail sur le capital." Dans le n°13 : "Citoyens de la Commune, je vous l’ai déjà demandé, j’insiste : organisez de suite le travail ; décrétez l’instruction gratuite et obligatoire. Citoyens, pendant le siège, la misère a été impitoyable ; bien des pauvres ont dû... engager leurs outils et leurs armes, — décrétez que le Mont-de-Piété les rendra." (Maroteau.) Dans le n°19, les quelques phrases suivantes valurent à Maroteau d’être condamné à mort par Versailles : "Nos balles ne s’aplatiront pas sur les scapulaires ; pas une voix ne s’élèvera pour nous maudire le jour où l’on fusillera l’archevêque Darboy. Nous avons pris Darboy comme otage et si on ne nous rend pas Blanqui, il mourra. La Commune l’a promis ; si elle hésitait, le peuple tiendrait le serment pour elle et ne l’accusez pas. — Que la justice des tribunaux commence, disait Danton au lendemain des massacres de septembre, et celle du peuple cessera. Ah ! j’ai bien peur pour Monseigneur l’archevêque de Paris." — Cette simplicité dans la violence est la marque de Maroteau, qui fut certainement le plus grand journaliste de la Commune. Le mouvement, chez lui, n’est pas oratoire : il ne joue pas sur le sentiment, mais sur l’idée ; il révèle le trajet de la nécessité, lequel est à vif, comme un nerf soudain mis à nu.

Texte rédigé par Bernard Noël dans le livre Dictionnaire de la Commune


Cette numérisation a été effectuée par la Bibliothèque Nationale de France et transmise par l’auteure du blog macommunedeparis. Qu’elle en soit remerciée ici.


Numéros de La Montagne

  • La Montagne N°1 - 2 Avril 1871
  • La Montagne N°1 - Édition du matin - 3 Avril 1871
  • La Montagne N°2 - 4 Avril 1871
  • La Montagne N°3 - 4 Avril 1871
  • La Montagne N°3 - Deuxième édition - 5 Avril 1871
  • La Montagne N°3 - Troisième édition - 4 Avril 1871
  • La Montagne N°4 - 5 Avril 1871
  • La Montagne N°5 - 6 Avril 1871
  • La Montagne N°6 - 7 Avril 1871
  • La Montagne N°7 - 9 Avril 1871
  • La Montagne N°8 - 10 Avril 1871
  • La Montagne N°9 - 11 Avril 1871
  • La Montagne N°10 - 12 Avril 1871
  • La Montagne N°11 - 13 Avril 1871
  • La Montagne N°11 - Deuxième édition - 13 Avril 1871
  • La Montagne N°12 - 14 Avril 1871
  • La Montagne N°13 - 15 Avril 1871
  • La Montagne N°14 - 16 Avril 1871
  • La Montagne N°15 - 17 Avril 1871
  • La Montagne N°16 - 18 Avril 1871
  • La Montagne N°17 - 19 Avril 1871
  • La Montagne N°18 - 20 Avril 1871
  • La Montagne N°19 - 21 Avril 1871
  • La Montagne N°19 - Deuxième édition - 21 Avril 1871
  • La Montagne N°20 - 22 Avril 1871
  • La Montagne N°21 - 23 Avril 1871
  • La Montagne N°22 - 25 Avril 1871

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