par ArchivesAutonomies
D’après le Ministre de l’Intérieur, au cours des six premiers mois de l’année 1974 : "1517 personnes ont été interpellées pour trafic ou usage de stupéfiants, dont 80 trafiquants internationaux, 39 trafiquants locaux, 390 usagers revendeurs et 1 008 usagers".
Il n’y a pas de quoi être fier. Sur les 1 517 mecs qui se sont fait choper, il n’y aurait donc que 119 trafiquants. Les 1 398 autres, ce sont tous des défoncés ou des petits dealers qui se défoncent aussi et qui ont besoin de revendre un peu de came pour se payer leur trip ou leur shoot. Et on les comprend ; un mec qui fixe, il est souvent obligé de dealer s’il ne veut pas se payer des crises de manque pas possibles I
Alors voilà. Les chiffres sont là. Cette année, entre janvier et juin, les flics ont interpellé 1 398 freaks, 1398 babas qui ont peut-être les cheveux longs et qui en ont sûrement ras-le-bol de cette société sordide dans laquelle ils n’ont pas demandé à vivre.
1 398 mecs qui voient autour d’eux des millions de gens qui se droguent le plus légalement du monde - avec la bénédiction intéressée de l’Etat - à l’alcool, aux clopes (où vont les bénefs de la S.E.l.T.A. ?), au tiercé, à la télé et au "week-end - big-car - massacre" sur les routes. 1 398 mecs que ce cirque débile n’attire plus, et qui préfèrent faire leurs propres expériences avec le joint, le shilum, le trip ou le fix. A chacun sa défonce.
Toujours selon le Ministère de l’Intérieur, en 1972 et 1973, 1 124 doses d’acide et plus d’une tonne de cannabis (shit, mari’ et C°)] ont été saisies. Puisque les flics s’amusent à saisir ce genre de produits psychédéliques, on aimerait savoir combien de tonnes d’alcool ont été confisquées pendant la même période (surtout ces terribles drogues produisant une "dépendance redoutable" et une "accoutumance inévitable" : le pastis et le scotch...?!).
II serait temps que l’hypocrisie du système cesse. Ouelles sont les drogues les plus dangereuses, celles qui tuent le plus ? La défonce, ou l’alcool ? Tout le monde sait très bien que c’est l’alcool. A titre d’exemples, en 1970, on comptait 30 478 décès dûs à l’alcoolisme en France (abus d’alcool, cirrhoses du foie, cancers de la bouche et de l’œsophage, tuberculose pulmonaire, ivresse au volant, suicides et homicides).
Jamais la défonce n’a entraîné une telle hécatombe. Loin de là. Alors, il est grand temps que la répression cesse, que les flics arrêtent de pourchasser les mecs qui se défoncent ou qui dealent, de les interpeller, de les fouiller, de les foutre au trou. Bas les pattes !
Qui se permet d’arrêter les défoncés, d’en interpeller, comme ça, 1 398 en 6 mois ? L’État. Par l’Intermédiaire des forces de répresion.
Certains disent alors : "A bas l’Etat policier !" O.K., mais, en fait, tout État est policier puisque, de par sa nature même, l’État c’est le monopole de la violence légale et, pour commencer, le monopole des flingues. D’un côté, ceux qui ont "le droit" d’être armés (police, C.R.S, gendarmerie, militaires). De l’autre côté, ceux qui n’ont que le droit d’être désarmés (la population).
Tant que cela durera, rien de fondamental ne sera changé dans cette société, et le système d’exploitation, d’oppression et d’autoritarisme se renforcera.
Il faut en finir. Dès à présent, luttons pour la libération de tous les défoncés emprisonnés dans les bastilles de l’Etat policier.
Libérons nos camarades !
Alain F. REVON.
GROUPE MARGE LIMOGES.