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JIM GAILLARD ne savait pas que Kriss Kitler se déplaçait de sa zone à Soul City dans l’espoir de le voir et lui faire des éloges.

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Alors

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Un jour Killer enfouraillé d’un P38 s’approcha d’un éditeur et lui tint ce langage :
- "Jim Gaillard vient d’enfanter son manus­crit ça s’appelle AUTOMATIC POLICIER... Il te l’amènera demain... pas la peine de le lire... si ça sort pas dans huit jours..."

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L’éditeur vit la crosse.

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- "Oui", dit-il, "oui monsieur".

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Kriss Killer fut surpris par cette réponse trop claire. Peut-être que Jim Gaillard se moquait bien de ce bouquin et qu’il ne s’agissait que d’un gag - un pastiche de roman - que celui-ci fut édité ou non sans doute l’inquiétait guère. Néanmoins, Kriss Killer abruti par l’alcool et le Lsd et les amphées, persuadé que Gillard n’était pas un imbécile, voulait lui rendre service... ses moyens étaient faibles car à part la violence et les arames de la nuit il n’excellait en rien.

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Gillard livra le manuscrit.

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Non pas huit jours mais neuf, une plaquette resplendissante fut mise en vente partout.

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Le corps de l’éditeur fut retrouvé inerte. Killer l’avait buté pour rupture de contrat. Il revint voir Gillard et lui remit le chèque.

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Jim Gillard, reconnaissant, lui proposa à boire. Kriss Killer refusa - il n’était pas du genre à se faire remercier. Pourtant bien tapie dans sa tête une douce caresse se déployait : il venait d’aider Jimi sans qu’il s’en aperçut. Le bouquin rappor­tait moins qu’une émission à la télé mais c’était quand même du fric. L’inflation galopante dont Gillard était conscient l’obligea à tout claquer dans les jours qui suivirent.

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Peu importe, se dit Gillard en mordant le sand­wich qui passait devant ses lèvres, ainsi va la créatique. Pendant ce temps Killer, profitant de sa carrure, repoussait les photographes : "Cassez- vous, bande de tantes, Jim Gaillard veut la paix."

Bob L’Enclume.