par ArchivesAutonomies
Nous insérons à la suite du long texte sur le Chili, la traduction d’un tract qui montre quelle direction la lutte a prise au Chili depuis le cfiup d’État. Nous n’avons pas assez d’éléments d’information sur cette lutte pour pouvoir la rapprocher immédiatement des luttes d’auto-réductions en Europe. La politique économique sauvage de la Junte, inspirée par les ultralibéraux de l’école de Chicago, est bien connue : liberté pour les prix, blocage des salaires, taux de chômage énorme.
S’agit-il dans ces luttes d’auto- réduction des dernières limites de la résistance des exploités à une réduction dramatique du niveau de vie ? Ou bien s’agit-il d’un refus massif de ces milliers de sans-emploi de reprendre le chemin de l’usine militarisée ? Nous ouvrons ici le dossier, en espérant pouvoir rassembler des éléments sur ce qu’est la classe ouvrière et le prolétariat chiliens après 3 ans du nouveau régime.
De toute façon, l’ampleur du mouvement, l’embarras des militaires chiliens, montrent assez la réalité matérielle de l’autonomie de la classe ouvrière chilienne.
Cent mille habitants de la Commune de Nunoa (Santiago) regroupés en 53 bidonvilles et cités d’urgence, résistent à la politique réactionnaire de la Junte militaire fasciste.
En refusant de payer les notes d’électricité et d’eau potable, ils ont créé un puissant mouvement de résistance qui a semé la panique dans l’oligarchie.
Le Mercurio, porte parole officiel de la réaction, a été obligé de reconnaître le fait dans son édition du 24 octobre. Dénonçant la "résistance massive" des habitants, il signale que "les sommes dues dans les 53 bidonvilles se montent déjà à un million de pesos".
Arturo Trincada, sous-chef du Bureau des Organisations Communautaires de cette municipalité dit que "les habitants ont une mentalité marxiste".
Le général Juan Forch, maire de Nunoa, se déclarant incompétent, dénonça le fait au Ministère de l’Intérieur, pour réclamer "l’adoption de mesures plus efficaces".
Le 28 octobre se réunit au Ministère de l’Intérieur le général Raul Benavides avec les maires des 16 communes de Santiago. Y assistaient en outre le général Tulio Espinoza, Gouverneur de la province, le colonel Waldo Brucher, directeur du Bureau National d’Urgence du Ministère de l’Intérieur (ONEMI).
Vue l’action décidée des habitants, les fascistes décidèrent de tolérer momentanément la situation conflictuelle qui est allée en s’étendant aux 442 bidonvilles existant au total dans la périphérie de Santiago, "tandis qu’était recherchée une solution de rechange".
Il ne faut pas avoir beaucoup d’imagination pour déduire qu’une telle. "solution" ne peut être autre chose que briser ce puissant mouvement en le réprimant et en le divisant.
Plein d’appréhension, Benavides a déclaré que derrière ces faits "il existe un activisme politique qui lutte sourdement dans la clandestinité contre le gouvernement".
D’autre part, le Maire de Nunoa a déclaré que la difficulté pour ceux qui viennent faire régler les quittances dans les bidonvilles est qu’ils doivent "lutter avec chaque famille, pour finir par se faire insulter, et s’ils insistent, chassés à coups de pierre".
La décision des habitants est telle que ces employés chargés de faire régler les quittances n’osent plus rentrer dans les bidonvilles. Les autorités font faire leur travail à des dirigeants des syndicats jaunes, avec pour conséquence ce qu’on a déjà signalé.
A travers ce fait réel, s’en manifeste un autre qui est la raison du problème. La politique économique brutale du fascisme de la junte avec son cortège de hausses et de licenciements massifs, de gel des salaires et de vol des ouvriers a fait surgir parmi les bidonvilles et cités de transit le fantôme de la faim et de la misère.
Dans des ghettos des centaines de milliers de nos compatriotes luttent pour survivre. Contre la faim et la menace de la misère, le peuple chilien affronte ces difficultés et lutte. Il comprend que le remède à ses maux ne réside pas dans des miracles du ciel. La véritable solution c’est la déroute de la Junte Nationale Fasciste. C’est là la tâche de tout le peuple, et non pas celle de personnes ou de groupes à côté. Par la lutte et la résistance massive, sous toutes ses formes possibles pour changer l’état de choses actuel.
Les problèmes de Nunoa sont un exemple pour les Chiliens. Son exemple indique le chemin à suivre. De nouvelles formes de luttes et d’organisation sont en train de surgir dans la mesure où le peuple se prépare à infliger la déroute à la Junte militaire fasciste.
Ce tract est la reproduction exacte du journal El Pueblo édité clandestinement au Chili par le Parti Communiste Révolutionnaire du Chili. Pour en obtenir des exemplaires, ainsi que du matériel du PCR du Chili, ou correspondre, s*adresser à : Cila c/o El Pueblo - 88, rue Rebeval - 75019 Paris - France.