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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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1.4. Comité pour la reprise des relations internationales

Textes tirés des volumes V et VII de la collection "Le mouvement ouvrier français contre la guerre, 1914-1918" édité par les éditions EDHIS.

Sauf mention contraire, les notes sont tirées des informations données dans les différents volumes des éditions EDHIS. Pour plus de détails sur le format et la nature des documents eux-mêmes, nous vous invitons à vous référer aux tables de ces mêmes volumes.


Introduction des éditions EHDIS pour le CRRI.

Ce fut le Comité pour la Reprise des Relations internationales [1] qui déploya la plus grande activité et qui fut le coeur de l’opposition ouvrière à la guerre.
Son rôle eut un grand retentissement. Retentissement singulièrement amplifié après le Conflit mondial, en 1919, lorsque le Comité pour la Reprise se transforma en Comité pour l’adhésion à la Troisième Internationale de Lénine. Pourtant le Comité pour la Reprise ne fut jamais dans la ligne de Lénine, au grand regret de celui-ci !
L. Saumoneau, Bourderon et Merrheim n’avaient jamais voulu, et à aucun prix, provoquer une scission dans le Parti Socialiste. Pour eux le P.S. était leur milieu naturel, la seule base dont ils disposaient. Ainsi, pendant toute l’année 1916, ils tinrent tête à Trotsky qui voulait leur faire adopter une ligne pure et dure.
L’année 1917 fut difficile pour le Comité car il chercha, sans y parvenir efficacement, à se démarquer des idées wilsoniennes favorablement accueillies en France. Le Président des Etats-Unis avait invité toutes les nations belligérantes à faire connaître publiquement leurs conditions pour mettre fin à la guerre. La Conférence nationale de la C.G.T., fin 1916, à l’unanimité de ses cent délégués, demanda au gouvernement français de répondre favorablement à cette proposition.
Cependant les messages du Comité pour la Reprise passaient bien et atteignaient des lecteurs au-delà de ses propres adhérents. C’est de lui que sortirent la plupart des tracts et des brochures les plus influentes.
Après le compte rendu de Zimmerwald il publia l’ultime discours de Jaurès, prononcé six jours avant sa mort. Les paroles ardentes, lucides et angoissées du grand tribun rencontrèrent tant d’échos qu’elles furent rééditées plusieurs fois.
C’est aussi de ce Comité que vint la brochure de Racovski, socialiste roumain, qui y fustigeait le soutien des socialistes français au gouvernement. Cette brochure avait été publiée à Bucarest ; le Comité la réédita à Paris, gardant l’adresse fictive roumaine pour échapper à la censure.
La formation du Comité pour la Reprise, succédant au Comité d’Action Internationale, fut annoncée par un tract accompagné d’un bulletin d’adhésion, en janvier 1916.
Sitôt constitué, le Comité fut en butte aux manœuvres de Camille Huysmans, secrétaire du Bureau Socialiste Inter-national. Huysmans voyait dans le Comité français qui allait joindre ses efforts à ceux de l’opposition allemande déjà fortement constituée, une menace sérieuse pour l’autorité du Bureau. Il se montra tout d’abord conciliant : au congrès socialiste hollandais d’Arnhem, en janvier 1916, il formula des vœux en faveur d’une reprise de contacts entre les diri-geants de l’Internationale. Puis, dans une lettre du 4 janvier, il précisa qu’il s’agissait non pas d’une conférence mais seulement de recevoir ces dirigeants "successivement" au B.S.I. à La Haye. Il ne s’engageait donc nullement mais cherchait à couper l’herbe sous le pied des Zimmerwaldiens. Pour le Comité ce fut un danger réel de se voir ainsi récu-péré et il répliqua par un tract énergique : "A l’Internationale".
Ce fut à la suite de la "deuxième conférence de Zimmerwald", tenue à Kienthal en avril 1916, que le Comité put manifester amplement sa force. Il publia le manifeste de Kienthal, "Aux Peuples qu’on ruine et qu’on tue !" à 20.000 exemplaires, et une brochure contenant les résolutions de la conférence. D’autres tracts et un compte rendu de la conférence connurent aussi un succès important, bien au-delà de celui de toutes les publications antérieures.
Par la suite, le Comité pour la Reprise souffrit des dispu¬tes entre Bourderon, Merrheim, L. Saumoneau d’une part et Trotsky d’autre part. Ce dernier était arrivé en France en novembre 1914, comme correspondant de guerre de la "Kievskaia Mysl". Nous avons déjà évoqué ces débats, parfois violents, qui eurent pour résultat la publication d’une brochure de 30 pages, "Les socialistes de Zimmerwald et la guerre". Rédigée par Loriot, aidé probablement par Losovski et Charles Rappoport, ce texte marqua toutefois, sous l’influence de Trotsky, une certaine radicalisation du Comité pour la Reprise.
Toujours en 1916, durant les six derniers mois, le Comité s’employa à se distinguer de la Minorité du Parti socialiste, laquelle acceptait la Défense nationale tout en réclamant une issue rapide à la guerre. Il publia divers textes dans ce sens, se gardant bien toutefois de préconiser une scission au sein du P.S., cherchant au contraire à y élargir son influence. Mais il ne put atteindre cet objectif. Au congrès socialiste de décembre 1916, quelques membres du Comité pour la Reprise (sous l’impulsion de Bourderon et Saumoneau) acceptèrent une résolution proposée par la Minorité socialiste qui, elle, accepta aussi une résolution de la Majorité "Union Sacrée" ! Ce dérapage laissa le Comité pour la Reprise en très mauvaise posture. Bourderon et Merrheim le quittèrent. Loriot et Saumoneau, restés à peu près seuls à sa direction, relancèrent la propagande en publiant, en février 1917, un tract analysant les déboires du congrès : "Aux militants du Parti socialiste" et, en brochure, le discours que Charles Rappoport n’avait pu prononcer à ce congrès.
Mais cela ne suffisait pas à réanimer le Comité. Ce fut la révolution russe de février 1917 qui fit renaître l’espoir d’une fin rapide de la guerre et qui impulsa la propagande. Aussitôt informé, le Comité pour la Reprise salua l’événement dans une série de tracts. Il publia aussi un appel pour le Premier Mai 1917 avec, au verso, l’appel des Soviets "Aux prolétaires de tous les pays".
Durant ce mois de mai éclatèrent en France des grèves d’ouvrières. S’adressant particulièrement aux femmes, le Comité appela au soutien de ces grèves.
Au front, la situation était grave. La coûteuse offensive Nivelle se terminait en échec. Le découragement grandissant, des mutineries se produisirent en Champagne. L’hiver 1916-1917 fut très rude : grave disette de charbon, de sucre, de blé, coût de la vie en continuelle augmentation. La consommation de vivres chuta de 50%. Pendant l’été 1917, la situation fut dramatique.
C’est dans ce climat que se tint, le 12 septembre 1917, la "troisième conférence de Zimmerwald" dont le Comité pour la Reprise diffusa le manifeste : "Les peuples s’acheminent avec résignation vers le quatrième hiver de la guerre ; des millions d’hommes ont été estropiés, d’autres millions encore sont traînés à l’abattoir ... C’est l’extermination des peuples par les peuples eux-mêmes ... Le moyen qui mène à la paix est la grève internationale et simultanée ... " (Pour l’Action. Trois documents).
Au congrès socialiste d’octobre 1917, une fois encore, les représentants du Comité pour la Reprise se divisèrent ; division d’autant plus irritante que les compromissions - tant celles des minoritaires socialistes que celles des zimmerwaldiens - ne faisaient progresser personne. A la fin du congrès tous se retrouvèrent plus loin que jamais ! Le Comité publia une analyse de ces débats pour tenter de sortir de l’impasse : "Aux militants du Parti socialiste (S.F.I.O)".
Comme en février, c’est la révolution d’octobre qui ranima les zimmerwaldiens. Ils saluèrent la deuxième révolution russe avec ferveur. Mais leurs dernières publications tentaient plus, semble-t-il, de résoudre leurs contradictions internes que de convaincre le nombre important des mili¬tants indécis.
L’exception fut l’œuvre de Charles Rappoport qui, grâce à ses vastes connaissances, à son courage et à son habileté, devint le représentant qualifié d’une opposition cohérente.


Notes :

[1Pour approfondir cette partie, il faut se reporter au livre de Julien Chuzeville, Militants contre la guerre - 1914-1918 , éditions Spartacus, car il est particulièrement centré sur le CRRI.

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