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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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GLAT (1959-1978)

Présentation [1]

Le Groupe de Liaison et d’Action des Travailleurs (GLAT), né d’une scission du PSU (1959) [2] pendant la guerre d’Algérie et animé par Raoul Gross, avait des positions assez proches de celles de l’ICO (Informations et Correspondance Ouvrières, constituée par quelques membres ayant quitté Socialisme ou Barbarie), mais s’en différenciait par l’approfondissement de l’analyse théorique marxiste sur le développement économique du capitalisme associée à une certaine forme de militantisme. Ses militants furent particulièrement actifs en mai 68 dans le Comité d’action travailleurs-étudiants de l’université de Censier (voir à ce sujet Jean Barrot, Le roman de nos origines, Varani Editore, l’ouvrage de Jacques Baynac, Mai retrouvé, Robert Laffont, 1978 et Ph.Gottraux, Socialisme ou Barbarie, Payot, 1997, p.219). Comme le Comité d’action travailleurs-étudiants de Censier n’existait plus que par une série d’assemblées plutôt stériles, le GLAT et d’autres activistes tentèrent de donner suite à ces comités d’actions sous la forme de « Comités inter-entreprises » présents dans une dizaine de grosses entreprises comme Rhône-Poulenc, Thomson-Houston, Nord-Aviation et Sud-Aviation ou dans des secteurs importants comme la Poste ou la RATP. Ces comités ne survécurent pas à 1968 (cf. ICO n°82, juin 1969, p.16). Leur bulletin Lutte de classe (1960-1978) était diffusé gratuitement à la porte de certaines usines où étaient privilégiées les formes de lutte dans lesquelles les ouvriers essayaient de s’auto-organiser indépendamment des syndicats et des groupuscules révolutionnaires. "L’objectif du GLAT était et reste la définition théorique et pratique d’une action anti-capitaliste (donc anti-bureaucratique) qui selon nous s’identifie à l’organisation des travailleurs à la base (comités de base selon la terminologie de Mai). Contrairement aux pseudo-révolutionnaires qui se présentent comme la future direction de la classe ouvrière, nous estimons que la classe ouvrière ne peut être dirigée révolutionnairement que par elle-même. Contrairement aux liquidateurs de l’organisation révolutionnaire, nous estimons que ce principe doit être systématiquement propagé par des militants regroupés à cet effet" (dans Le Comité de Liaison Inter-Entreprises - Bilan d’une expérience). Ils étaient très actifs dans le Comité de base Rhône-Poulenc à Vitry avec la Vieille Taupe et les Cahiers de mai.

La plupart des articles de Lutte de Classe, à partir du début des années 70, se répartissent en deux groupes principaux :
—  1. analyse de situations et luttes d’usine
—  2. analyse de la situation générale, du capitalisme occidental et soviétique, de la crise.

Quelques textes du groupe ont été publiés dans la revue Collegamenti (au début des années 1970, comme Vers l’affrontement, Lip : c’est fini, etc.) En 1975, quelques articles parus dans Lutte de Classe ont été rassemblés dans l’opuscule "Autonomia e Organizzazione", publié par les éditions Crescita Politica, de Florence. Avec l’épuisement de l’élan suscité par mai 68 en France, l’activité du groupe se limitera à une recherche toujours plus raffinée et à contre-courant, se détachant d’un certain militantisme gauchiste. Cela était également dû au fait que, malgré la crise économique du début des années 1970, le capitalisme résistait grâce aux restructurations en cours dans les pays dotés d’un système capitaliste avancé comme les États-Unis, le Japon et l’Europe, ce qui conduira les membres du groupe vers une maturation, et à l’abandon de la publication de leur bulletin. Le dernier numéro parut en mars 1978, portant l’annonce de la continuation d’un travail théorique qui n’eut pas de suite.


Le journal Pouvoir Ouvrier avait ouvert ses colonnes à ce groupe récemment créé au cours de l’année 1959. Dans le numéro 8 de ce journal on pouvait lire :

"Qu’est-ce que le GLAT ? Pour ceux qui croient que ce qui compte, c’est d’envoyer des députés au Parlement et d’avoir des tas de permanents dans des syndicats, ce nom ne signifie rien. Nous pensons, au contraire, que la seule chose qui compte c’est l’action des travailleurs eux-mêmes pour abattre le patronat, ses flics, son armée et ses alliés qui prétendent parler au nom des travailleurs. Nous pensons que c’est aux travailleurs eux-mêmes de prendre une bonne fois la parole et d’imposer silence à ceux qui leur donnent des ordres. Nous pensons que c’est aux travailleurs de donner des ordres à leurs délégués, et pas aux délégués de diriger les travailleurs en leur disant "faites-nous confiance, nous savons où nous allons et nous connaissons vos intérêts mieux que vous".


  • Voir le bulletin La Base, diffusé par des militants du GLAT à partir de la fin 1968.
Notes :

[1Telle qu’elle fut rédigée en présentation de textes du GLAT sur le site Smolny qui n’existe plus à l’heure actuelle.

[2NdE : comment un groupe peut être né d’une scission en 1959 d’avec le PSU, alors que celui-ci est fondé en avril 1960 ?? D’après Henri Simon qui nous a écrit à ce sujet : "Le noyau du GLAT existait avant 1958 et était actif dans le MIAJ se trouvant en concurrence avec les mêmes prétentions de recrutement de quelques membres de SouB aussi membres du MIAJ".

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