Présentation qui n’en est pas une... [1]
Comme il est particulièrement ardu de s’y retrouver dans l’évolution de ces regroupements se revendiquant au départ de l’anarchisme traditionnel, puis passant par le communisme-libertaire, pour en arriver - et certainement pas tous les mêmes militants du départ - à rejoindre le Courant communiste international comme section belge et sa publication Internationalisme (N° 1 en octobre 1975), nous proposons des sommaires entrecoupés d’explications succinctes de ces publications aux titres changeants [2].
La seule indication biographique d’un militant ayant été un des principaux participants à cette succession de publications est celle de François Destryker que l’on retrouve dans le dictionnaire international des militants anarchistes :
(...) En 1972 il publiait une nouvelle série de L’Alliance (Bruxelles, 7 numéros, janvier à décembre 1972) comme organe du groupe communiste libertaire proche du MCL français puis à partir de l’été 1973 de l’ORA (cf. Rapport d’orientation du MCL vers l’organisation révolutionnaire anarchiste, septembre 1973). Devenu l’animateur de l’ORA belge, il fut le responsable du bulletin hebdomadaire Libertaire (Bruxelles, 3 numéros, 23 janvier à 6 février) puis Journal libertaire (15 numéros, 14 février à 15 juin 1973) dont le directeur était Michel Veevaete, puis de l’organe de l’ORA belge Journal libertaire (septembre 1973- février 1974, 5 numéros) et Journal libertaire des luttes de classes (avril-novembre 1974, 6 numéros) dont l’éditeur était Roel Van Hove puis Marc Milants. Il collabora vraisemblablement à la série de fascicules ORA Formation (Bruxelles, au moins 9 numéros, 1973-juin 1974). Vers la fin de l’année 1974, le titre change encore pour devenir "Journal des luttes de classes". Puis F. Destryker s’éloigna de l’anarchisme, se rapprochant du Courant communiste international et après avoir abandonné la référence libertaire, le périodique changea son titre pour celui d’Internationalisme.
Nous avons ressaisi un seul article : "Proposition provisoire de références pour l’élaboration d’un "mouvement libertaire"" paru dans le Libertaire N° 0 – Bulletin hebdomadaire d’informations - Janvier 1973. Comme précisé dans l’introduction : "Ce texte n’est qu’une première ébauche d’un travail collectif. A la relecture, il nous semble lourd, et pourquoi ne pas le dire, indigeste". Toujours est-il qu’il est intéressant de le lire pour tenter de comprendre l’évolution de ces regroupements [3] se revendiquant au départ de l’anarchisme traditionnel, pour évoluer en un peu plus de deux ans vers les positions du Courant communiste international, définissant l’anarchisme dans son numéro d’Internationalisme (n° 6, septembre-octobre 1976), ni plus ni moins, de "Sirène du capital".
Après avoir écrit que "l’anarchisme est passé définitivement, avec bombes et bagages dans le camp de la bourgeoisie, lorsqu’en 1914, en même temps que la social-démocratie, le mouvement libertaire a soutenu et a entraîné le prolétariat dans le premier holocauste mondial..." [4], l’article poursuit ainsi : "les anarchistes, comme leurs cousins staliniens, n’ont donc rien d’autre à offrir à la classe ouvrière que la solution capitaliste : la guerre impérialiste. Mais avec les anarchistes, l’on saura que cela sera une boucherie "anti-autoritaire". Le prolétariat a déjà tranché, dans son expérience la nature contre-révolutionnaire des anarchistes. Reste à nous révolutionnaires de faire que cette expérience serve et que la classe ouvrière balaie définitivement le capital et ses oripeaux libertaires". Il nous semble donc intéressant de se pencher sur les différentes étapes menant à un tel reniement de soi-même.
[1] Si par hasard, des militants ayant participé à ces regroupements trouvent à y redire, à apporter des précisions, à signaler des erreurs ou des manques - d’autant que nous n’avons pas pu mettre la main sur tous les documents - , ce serait bien de nous écrire !
[2] Voir aussi les notices du Bianco.
[3] La section du CCI en Belgique est la fusion de 3 groupes : le "Revolutionaire Raden Socialisten" (Antwerpen) ; le "Vrye Raden Socialisten" (Gent) et le "Journal des Luttes de Classes" (Bruxelles). Source (archives privées) : Document intitulé "Adresse à tous les révolutionnaires", daté des 4 et 5 octobre 1975 - Bruxelles.
[4] NdE : ... oubliant au passage que la majorité des militants se revendiquant de l’anarchie, ont défendu une position internationaliste... Nous proposons la lecture de notre article sur ce sujet important, toujours actuel : Deux attitudes : Internationalisme ou patriotisme ?