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Prisons (1981-1984)

Présentation de Prisons journal du Comité d’action des prisonnier(e)s, puis mensuel d’expression des enfermés

Au moment de la dissolution du CAP (1972-1980), des membres du CAP contestent ce choix. Ils prennent tout d’abord le nom de Collectif Prisonnier(e)s en lutte (COPEL). Nous pouvons lire dans le n° 2 de Prisons :

"S’il est vrai que nous sommes issus de l’ancien CAP (dissous officiellement en 1980), nous n’avons pas grand chose de commun avec lui : ni les archives, ni les moyens, ni la même façon de fonctionner donc d’agir. Jean (Lapeyrie), Serge (Livrozet) ne font pas partie de notre CAP. Chacun suivant la route qu’il doit devoir suivre. Pour ne citer qu’eux.

Parmi nous, de "vieux routards" du CAP disparu, des ex-COPEL et des "autonomes" qui ne se reconnaissaient plus dans tout ce qui existe en matière de lutte contre les prisons. La nécessité de faire connaître à l’extérieur les réalités de l’intérieur, de donner un moyen aux enfermés de se faire entendre, de ne pas se comporter en autruche face qu quotidien des prisons nous ont poussé à recréer le CAP. Cette poussée a été, il est vrai, un peu "aidée" par les actions et la lutte permanente de Maurice Locquin, qui ne bénéficie pas de l’appui d’un quelconque comité de soutien nominatif et exclusif (voir Prisons n°1).

Ce fut donc le COPEL (Collectif prisonnier(e)s en lutte), nos premiers "vagissements". Puis le 7 juin le CAP est recréé, le 17 on déposait les statuts, le 26 publication au journal officiel, le 30 le parquet du procureur de la république enregistrait le journal Prisons, mensuel du CAP.

Nous n’avons pas repris le titre le CAP, d’une part parce que cette dénomination est celle d’un autre mensuel, d’autre part parce que cela ne nous inspirait pratiquement pas du tout. Nous avons trouvé Prisons parce que c’est de cela qu’il s’agit ici, plus exactement de ceux et celles qui s’y trouvent. Le titre proposé par l’une d’entre nous a été accepté par tous et on s’y est mis pour le premier numéro."

L’année suivante [1], le CAP lance le "projet de constitution d’un syndicat des prisonniers et prisonnières". Six détenus de la maison d’arrêt Saint-Paul à Lyon publie un mémoire explicatif de 6 pages. Il se conclut ainsi : "Les ouvriers n’acquirent des droits que parce qu’ils se réunirent en syndicats, qui traitèrent alors avec les groupes patronaux. Ce fut d’ailleurs sous le Front populaire, le 7 juin 1936, que Léon Blum réussit à faire signer entre délégués syndicaux et délégués patronaux les Accords Matignon. Les patrons promettaient de respecter le droit syndical et d’instituer des délégués d’usine, les ouvriers s’engageaient à respecter la légalité".

Le 23 février 1982, le CAP s’adresse aux confédérations syndicales, pour les informer du "projet de constitution d’un syndicat des enfermés" et demander leur position à ce sujet. Il explique : "Ce projet syndical s’oriente bien plus vers une réappropriation responsable de la préparation et de l’organisation de l’avenir social des prisonnier(e)s, que de la gestion de la prison, chose impossible  ; la prison restant fondamentalement une malfaisance sociale dont la communauté doit savoir prendre conscience, au-delà des déclarations et constats de principe. Donc, ce projet syndical doit plus se concevoir comme le syndicalisme étudiant, qui veut préparer et défendre l’avenir professionnel de ceux qui s’y préparent par l’étude, la formation, etc., que d’un syndicalisme à l’intérieur des geôles, se réduisant à la recherche d’une “amélioration” des conditions d’enfermement, ce qui ne resterait qu’un projet mince et sans espoir d’en finir avec la malfaisance fonctionnelle de la prison". La porte est ouverte : "Nous aimerions connaitre votre position qui pourrait déboucher dans les faits sur l’organisation des prisonnier(e)s en syndicat". Dans les numéros ultérieurs de Prisons, on ne trouve mention que d’une réponse, celle de la CFDT, datée du 29 mars 1982 : "Votre projet a retenu notre attention. Nous considérons, en effet, parfaitement légitime l’expression responsable des prisonniers et prisonnières, notamment en ce qui concerne la préparation et l’organisation de leur avenir social et personnel au sein de la Société. Il vous appartient de réfléchir et d’étudier les formes de structures et d’organisation que vous souhaitez, en tenant compte des questions d’ordre juridique qui peuvent se poser à ce sujet. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts, si vous le souhaitez, à une rencontre avec vous pour étudier les problèmes et les solutions que vous envisagez dans votre lettre." Plusieurs structures CFDT du secteur de la Justice ont également répondu à la proposition du CAP. Une réunion se tient avec toutes ces composantes CFDT, le 22 avril. Prisons en fait un compte rendu amer : "[...] aucune sincère et déterminante contribution ne fut apportée par nos interlocuteurs, qui ne surent que suggérer aux prisonnier(e)s de se battre seul et dans la clandestinité, conseil que les prisonniers n’ont pas attendu.". Échec des relations avec la CFDT et aucun écho des autres organisations...

A partir du numéro 6 (mai-juin 1982), Prisons ne fait plus référence au Comité d’action des prisonnier(e)s : il devient "mensuel d’expression des enfermés". Le dernier numéro (15) parait en avril 1983. Un numéro spécial Psychiatrie et judiciaire au service de l’injustice ! est toutefois publié en 1984.


Notes :

[1Ce qui suit est un extrait de la présentation de Prisons par C. Mahieux à lire sur le site Les Utopiques.

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