Présentation [1]
Certains pourraient s’interroger, surpris : "Pourquoi une nouvelle revue libertaire ?"
Nous leur répondons : Parce que cette nouvelle revue est aussi une revue nouvelle. Elle a sa place, de par son originalité, parmi les différents titres existant déjà dans la presse libertaire [2]...
Mais d’abord, qui sommes-nous ?
Des hommes et des femmes qui, bien que d’origines et de cultures diverses, ont au moins trois points communs : une activité militante sur leur lieu de travail ou de vie ; une longue expérience de groupe, notamment à travers la rédaction parisienne d’IRL (Informations et réflexions libertaires ), et la réalisation de dossiers tels que "Tiers monde et anarchisme" ou IRL n· 59 - "Solidarité avec la lutte du peuple kanak".
Revue de réflexion libertaire, Noir et Rouge n’est pas pour nous un but en soi, mais un outil permettant de traiter des problèmes qui se posent, quotidiennement, à nous comme à vous. Nous voulons tenter avec vous de confronter à la réalité sociale la pensée libertaire, de façon à favoriser en permanence sa réactualisation et à faciliter, par son approfondissement, notre compréhension du monde moderne.
Carrefour où tous les courants libertaires pourront s’exprimer et tous les points de vue se confronter sur tous les sujets, NR - de par sa structuration en dossiers et sa périodicité bimestrielle - traitera les questions d’actualité avec le recul nécessaire, et analysera en profondeur les thèmes rapidement abordés par les journaux d’information ou à périodicité plus courte.
NR doit être un lieu d’échanges et de confrontation, avec un parti pris de non-sectarisme et la volonté d’exclure la polémique. Regroupant différentes sensibilités et n’étant pas liée à une organisation spécifique, NR ne peut avoir de ligne - de "juste point de vue" à faire passer à coups de slogans - ou de tabou.
Ni revue de propagande ni revue d’agitation, NR ne peut pas davantage être l’œuvre de journalistes et d’intellectuels coupés de la réalité et sans prise sur elle. Nous sommes des militants désireux de parler de problèmes qui nous concernent. Nous écrivons, là où nous nous trouvons et sommes engagés, sur ce qui nous motive. Et nous nous adressons à tous ceux qui. dans leur vie et dans les divers secteurs de la société, luttent contre l’exploitation et l’oppression. Nous n’entendons pas, par là, nier démagogiquement l’apport des universitaires, par exemple. Simplement, nous pensons qu’il faut savoir utiliser cet apport, et que NR saura le mettre à profit, parce ’qu’elle servira d’intermédiaire entre "spécialistes" et militants. Elle facilitera une intervention dans les mouvements sociaux, parce qu’elle théorisera des informations sous une forme qui restera compréhensible par tous.
Enfin, de même que nous refusons la coupure rédacteurs-lecteurs en nous posant d’emblée comme des militants parmi d’autres, nous refusons la séparation manuels-intellectuels. Nous désirons fabriquer la revue ensemble, en la composant et en la maquettant nous-mêmes, pour en réduire le coût mais aussi " par principe". Nous fonctionnons en groupes de travail constitués pour chaque dossier et comprenant des collaborateurs extérieurs ; et chacun de nous est responsable à tour de rôle, pour un temps donné, des tâches matérielles aussi bien que rédactionnelles. Parce que, selon nous, un journal libertaire doit l’être aussi bien dans son contenu que dans son mode de réalisation, autrement dit dans les rapports établis entre ses membres afin de le concevoir. C’est à cette condition - complémentaire des objectifs poursuivis - que NR constitue une expérience intéressante.
Journal de dialogue et de débat, NR accueille - dans ses dossiers comme dans ses articles consacrés à des sujets d’actualité - toutes les formes d’expression : reportages, interviews, témoignages, analyses, dessins, photos... Car là encore la diversité est ; croyons-nous, enrichissante.
Alors, si l’aventure NR vous intéresse, participez-y concrètement en lui apportant votre contribution rédactionnelle et financière, et faites-la connaître.
[1] Editorial du numéro 1.
[2] Nous avons choisi de l’appeler Noir et Rouge pour les références auxquelles nous renvoient ces deux mots rassemblés. L’une d’entre elles est, bien entendu, un clin d’œil au passé : au Noir et Rouge, revue d’étude anarchiste des années 56 à 70. Des liens existent entre cette publication et la nôtre, liens qui ont pour origine un état d’esprit et une démarche assez voisines, liens que nous revendiquons, mais qui ne constituent pas le fondement de notre regroupement. Alors, s’appeler Noir et Rouge, c’est peut-être "gonflé", mais tant pis pour le mythe ! Sans complexe, nous allons faire une revue d’analyse qui déjà, rien que parce que nous arrivons à la fin des années 80, sera différente de la précédente.