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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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Nous et le POUM (fin) - Camillo Berneri
L’Espagne nouvelle - Nouvelle série – N°42-43 – 18 Mars 1938
Article mis en ligne le 31 janvier 2021
dernière modification le 7 décembre 2020

par ArchivesAutonomies

UN PROGRAMME ACCEPTABLE

Le programme de la Jeunesse Communiste Ibérique (POUM) forte de 10.000 adhérents est le suivant (janvier 1937) :

"Abrogation de la Constitution bourgeoise du 14 avril 1931, et dissolution du Parlement ; assemblée des délégués des Comités de gestion, des paysans et des miliciens, élisant le gouvernement ouvrier et révolutionnaire ; droits politiques à tous les jeunes de 18 ans, sans distinction de sexe ; dissolution des organismes de justice bourgeoise et création d’une justice ouvrière ; même chose pour la police, épuration de la bureaucratie.
La JCI affirme que pour gagner la guerre, il faut : la dissolution des cadres de l’armée bourgeoise ; la mobilisation générale de la jeunesse, la direction militaire unique, l’épuration des écoles de guerre et la préparation militaire de la jeunesse ; le développement d’une puissante industrie de guerre et l’organisation du travail volontaire et obligatoire pour la guerre ; l’emploi des détenus fascistes aux travaux de fortification.
La JCI ne renonce pas à la Révolution prolétarienne qui pour elle ne fait qu’un avec la guerre civile et qui doit créer une nouvelle économie prolétarienne, caractérisée par la socialisation de la grande industrie, de la banque et de la terre, par le monopole du commerce extérieur et la municipalisation des services publics".

Tout dans ce programme, dont j’ai relevé les points saillants, ne coïncide pas avec nos revendications actuelles et avec nos aspirations, mais nul d’entre nous ne pourrait le taxer de contre-révolutionnaire.

Si le POUM était une force politique prédominante en Espagne, notre critique trouverait matière à s’exercer. Mais aujourd’hui, le POUM est une force auxiliaire dans la lutte antifasciste et dans la résistance à l’étranglement de la révolution, si bien que les différences théoriques entre lui et nous sont bien peu de chose par rapport à l’actualité et aux possibilités d’entente sur le terrain de l’action.

Beaucoup de motifs de critique, beaucoup de formules d’agitation du POUM adhèrent à la réalité et sont des moteurs du développement de la révolution espagnole.

Contre les desseins d’hégémonie et les manœuvres obliques du PSUC, nous devons affirmer inébranlablement et énergiquement l’utilité de la libre concurrence politique au sein des organisations syndicales et l’absolue nécessité de l’unité d’action antifasciste. Cherchons à éviter les tons de prêches, les sermons d’inquisiteurs.

Il faut dire bien haut que quiconque insulte et calomnie le POUM et demande sa suppression, est un saboteur de la lutte antifasciste que l’on ne peut tolérer.

Cette prise de position outre qu‘elle adhère à la nécessité de l’heure grave et qu’elle répond à l’esprit de l’anarchisme, constitue la meilleure prophylaxie contre la dictature contre-révolutionnaire qui se profile de plus en plus dans le programme de restauration démocratique du PSUC et dans la disjonction entre révolution et guerre de certains révolutionnaires myopes et désorientés.