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Fragments d’Histoire de la gauche radicale
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En marge des marginaux
{Marge}, n°4, Novembre-Décembre 1974, p. 2.
Article mis en ligne le 7 juillet 2013
dernière modification le 18 novembre 2013

par ArchivesAutonomies

Chouette ce journal l J’en crois rêver, on est loin des prêchi-prêcha des autres ; finis les clo­chers, les écoles, les partis, etc... ; loin des "moi, je détiens la vérité", "moi, je détiens l’ordre". Et pourtant, je suis encore insatisfaite (peut-être parce que je ne suis pas marginale). Je crois que l’affirmation de nos désirs est sans doute la clef d’une certaine liberté, sinon d’une liberté certaine. Arriver à trouver sa propre iden­tité, en marge ou pas, c’est certainement !e pas déterminant qui permet d’assumer sa vie. Mais, il n’est pas aisé d’arriver à se reconnaître sous cette gangue éducative familiale et sociale qui nous englue. Admettons même qu’on s’en sorte, qu’adviendra-t-il de nous...
1. Si tout le monde n’en sort pas en même temps et que le droit à l’expression de nos dé­sirs n’est pas reconnu par les autres ? C’est se lancer dans un combat désespéré, celui des mar­ginaux, avec pour but l’espoir de devenir majo­ritaire un jour.
2. Comment, si tout se passait bien, pourrait s’organiser la vie avec les autres ? Comment faire que le plaisir de l’un ne devienne pas l’alié­nation de l’autre dans une société non plus régie par le profit mais par Sa reconnaissance du désir des uns et des autres ? Comment peut se faire la société idéale où chacun pourra être à la place où il se sentira le plus à l’aise pour être respec­tueux à la fois de soi-même et des autres ?
Il y a toujours une part séductrice dans tout ce qui s’ennonce, mais ce qui me rend morose, c’est de voir que, depuis que le monde est mon­de, toutes ces séductions ne sont pas venues à bout des réalités plus ou moins sordides dans lesquelles on continue toujours à patauger. Je ne crois pas à une société sans marge et c’est pourquoi je dis bonne route à Marge.

Michèle.